vendredi 10 mai 2024

Rater sa vie professionnelle

Source – Yannick B
Ça a commencé en Master, quand j'ai raté un stage dans le Parc naturel régional des boucles de la Seine parce que je n'avais pas le permis, et que je n'ai pas pu candidater à une alternance pour la même raison. Non, en fait, ça a peut-être même commencé quand j'ai essayé après le lycée d'entrée en Licence option journalisme, à Lille, et que j'ai échoué deux années de suite. Ensuite, j'ai échoué à trouver du travail, j'ai tenté d'intégrer le centre de formation de l'ESJ Montpellier, et je n'ai pas eu d'alternance alors que j'étais le coup de cœur de la recruteuse, parce qu'elle a eu peur que je me laisse marcher sur les pieds par le journaliste. Ensuite, j'ai trouvé le travail où je suis actuellement, en sachant que ça allait être compliqué, que je ne voulais pas y rester trop longtemps, et ça s'est révélé plus dur à vivre que ce que je pensais. C'est pas un mauvais travail, pourtant, il y a des avantages, comme le nombre de semaines de vacances, mais je n'aime quand même pas. Pour moi, les inconvénients dépassent les avantages. Alors, j'ai essayé de trouver un autre boulot, l'été dernier, et je ne suis parvenue à rien. Cette année, j'ai pu être acceptée dans une formation, j'ai cherché une alternance, et entre les musées auxquels j'ai candidaté trop tard, ceux qui n'ont jamais répondu, et les recruteurs à côté de la plaque, le rendez-vous annulé une semaine avant faute de budget, je pense que j'ai été servie. Et maintenant voilà, j'en suis là. Une année de plus à la radio, et surtout sans assurance de trouver autre chose. Après tout, si je n'ai pas trouvé l'année dernière, si je n'ai pas trouvé cet hiver pour la rentrée 2024, pourquoi je trouverai l'année prochaine pour la rentrée 2025 ?

J'avais parlé à la dame du Port-musée de Douarnenez qui m'avait dit de revenir vers elle. Je l'ai fait. Pas de réponse. Je vais attendre que passe la nuit des musées pour relancer, je pense.

En parallèle j'ai aidé une copine de fac à refaire sa lettre de motivation, et clairement ça fait carrément mieux ressortir ses compétences comme ça, et soudain je me suis sentie toute petite et toute médiocre et toute nulle et j'ai compris pourquoi moi je ne trouvais pas, même avec une bonne lettre, alors qu'elle sans doute va trouver sans trop de mal, maintenant. Puis, ma mère m'a appelée, aujourd'hui. Donc j'ai appris que ma sœur, non contente de gagner 1 800 euros net par mois, se fait aussi des primes à 1 500. Ma mère a dû sentir que ça me saoulait un peu, vu que moi je suis au SMIC et que quand j'ai le malheur d'avoir une prime moitié moins importante je perds en même temps la moitié de ma prime d'activité sur trois mois ce qui fait que je suis perdante au final, car elle m'a dit : "rien ne t'empêche de faire un BTS Opticien…". Euh, si, ça s'appelle les maths. Ensuite elle m'a dit de me mettre à mon compte. Ah oui ? Et pour proposer quels services ? Je ne suis spécialiste en rien, puis la concurrence est rude, et s'il tu n'as pas le petit truc mieux que les autres pour te démarquer c'est mort d'office, sans compter que l'administratif et moi… "Tu peux embaucher quelqu'un, pour ça". Oui, pour embaucher quelqu'un il faut de l'argent, donc il faut que mon activité tourne, en fait. Puis, elle m'a dit : "tu peux publier un livre". Mais oui bien sûr, comme si c'était si facile. J'ai donc dû lui expliquer les pourcentages de droits d'auteur et tout le reste. Et enfin, le coup de grâce : "il faudrait que tu refasses une formation". Ah bah tiens, c'est pas comme si ça faisait six mois que j'essayais d'en intégrer une ! Mais je la paye comment, ma formation, si je n'ai pas d'alternance ? Alors je sais bien qu'elle essayait de m'aider et pas de m'enfoncer, mais vraiment ce n'était pas le moment de me sortir des idées au hasard, vu que tout tombe en même temps (les feux de la voiture à changer, l'invasion de fourmis dans la salle de bain, la Fnac qui ne me livre pas deux livres que j'attends depuis le 23 mars).

Avant-hier j'ai envoyé le mail à la fac pour dire que j'abandonnais, que je laissais ma place aux personnes de la file d'attente. Je n'aurais pas de réponse avant lundi mais ce n'est pas grave. J'avais jusqu'au 15 mai pour remettre ma lettre de démission. Enfin, je me suis donné jusqu'au 15 mai, pour ne pas mettre mon chef dans la panade. La psy va me dire : "c'est vous qui êtes dans la panade, maintenant". Certes, mais je ne me serais pas sentie bien de partir au dernier moment sans qu'il ait le temps pour le recrutement de la personne suivante. J'en veux un peu au prof, même s'il est très gentil, parce que la première fois que j'ai évoqué ce délais il m'avait dit : "ne vous en faites pas, ensemble on va trouver", mais je n'ai pas eu l'impression qu'il m'aidait plus à chercher que les autres étudiants. Et derrière, ma mère me dit que je dois faire une nouvelle formation. Bah oui mais je fais comment, hein, si personne n'a de fric dans son putain de service culturel pour ouvrir un poste en alternance ?

En plus, j'ai raté un cours de hiéroglyphes, et maintenant je suis vraiment paumée. Et comme c'est tard, je ne comprends rien parce que je suis fatiguée.

En vrai, même si le SMIC c'est vraiment pas beaucoup, et que je suis vraiment dégoûtée quand je pense que je vais gagner ça à peu près toute ma vie, parce que le poste à Douarnenez c'est juste agent d'accueil, c'est pas avec ça que je vais me faire un salaire digne de ce nom, j'aimerais au moins avoir un travail qui me plaît, dans un endroit qui me plaît, pouvoir avoir un appart' sans (trop) de problèmes, et au moins un cadre qui me convient, et tant pis pour le salaire, on peut toujours trouver des solutions, pour ça, du côté des associations, ou je ne sais pas. J'aimerais au moins m'en aller de là. J'aimerais, juste une fois, atterrir dans un appart' correct (un jour je vous raconterais peut-être la longue liste de mes péripéties en ce qui concerne le logement : c'est comme tout le reste, je n'ai jamais eu de chance, j'ai toujours mal choisi).

Et autour de moi, je vois plein de gens, comme ma sœur ou d'autres, qui se reconvertissent, ça se passe bien, et derrière ils trouvent un boulot, et ça se passe bien, et oui c'était dur de se lancer dans la reconversion, de sauter le pas, mais une fois qu'ils y ont été ça a roulé presque tout seul. Moi… "tu ne peux pas faire les choses simplement ?" m'a fait une copine hier pour rire et c'est marrant parce que c'est ce que je me dis tous les jours. Rien n'est simple. Même commander un livre sur internet et le recevoir en boîte aux lettres donne lieu à des rebondissements à n'en plus finir. J'aimerais juste trouver un travail qui me convienne dans un endroit qui me convienne, avec du temps pour écrire. Tant pis pour le salaire, je m'en fous, enfin je crois. Enfin, non, mais je suis prête à faire le sacrifice pour un poste qui me plaît.

dimanche 28 avril 2024

L'apprentissage du choix

SourceSource – James Wheeler

Je pensais vraiment que cette fois je mettrais moins d'un mois à écrire le prochain article et au final… c'est raté ! J'aurais plein de choses à raconter, pourtant. J'ai aussi envie de plus lire vos blogs. Je suis souvent fatiguée la semaine, et le week-end, du coup, j'ai juste envie de lire et écrire. Je vais finir par rattraper tout mon retard, pourtant, promis juré !

Je ne sais plus ce que j'avais raconté ou pas. Je suis passée à un cachet par jour au lieu d'un demi depuis mon arrêt inopiné et la remarque de la psy comme quoi du coup mon état était pire que avant. Eh bien en fait, un cachet, c'est parfait. Un demi, parfois, je sentais bien que ce n'était pas suffisant, que je finissais quand même par me morfondre des heures entières. Là, quand il arrive un truc, je suis un peu triste et je passe à autre chose, j'avance. C'est très perturbant, comme sensation, parce que je n'ai pas l'habitude. Au début, plein de fois, je me trouvais un peu perchée. Oh les jolis chants des oiseaux, oh le ciel bleu, oh le chat, oh le canard, ooooh c'est beau cette lumière. Vraiment, je me trouvais un peu perchée, un peu trop joyeuse, et un peu trop capable de passer à autre chose quand je recevais une mauvaise nouvelle. Du coup, je me disais à la fois que c'était peut-être ça l'état normal des gens (on est un peu triste et on rebondit) et à la fois que c'est vraiment bizarre, comme état, un peu comme si rien n'avait d'importance ou que l'on pouvait empêcher des chaînes de nous attraper aux chevilles rien qu'en continuant à marcher. Maintenant ça va, je m'habitue. Il paraît que c'est l'état normal des gens. Je ne suis pas perchée, je suis juste capable de voir du bien au lieu de m'apitoyer sur mon sort. Un peu étrange. Souvent, les ruminations, se morfondre, c'est aussi se rassurer, ça fait moins peur, puisque c'est un schéma connu.

Je me suis rendue compte que je n'avais plus besoin de sauter sur mon téléphone pour raconter des trucs dès qu'ils m'arrivent à ma meilleure amie, alors que bien souvent juste après avoir envoyé le message je n'ai pas besoin d'une réponse, ça va déjà mieux. J'arrive à mieux gérer mes émotions par moi-même (enfin : le cachet gère mes émotions pour moi) et du coup je peux choisir ce que je raconte ou pas. C'est bizarre, ça, comme sensation. De ne pas écrire en réaction, frénétiquement, comme une pulsion, mais d'écrire parce que j'ai envie de raconter quelque chose, de partager quelque chose, d'avoir un avis. Pas demander un avis pour me noyer dans l'avis des autres, me diluer, mais juste parce que j'en ai envie. Être capable de garder mes pensées et mes doutes pour moi si je le souhaite, et de partager si et quand je le souhaite. Du coup, j'ai du mal à savoir, souvent, si je veux raconter parce que j'en ai envie ou si je veux raconter par besoin, comme avant. Comme avec mon problème de masturbation, finalement. Avant, tout le désir était forcément faux, généré par le stress. Là, je peux choisir, je peux le repousser quand il est faux, un peu, et un peu l'appeler quand j'en ai envie. Et des fois, je ne sais pas. Je ne sais pas si l'envie est fausse ou vraie. J'apprends. Il va falloir que j'apprenne la sensation de faim, aussi, parce que souvent je ne sais pas si j'ai encore faim ou pas, quand je termine de manger.

C'est un peu bizarre de me dire que je ne suis presque plus soumise à mon anxiété, que je ne suis plus dans la réaction mais dans l'action. Je crois que c'est pour ça que je doute pas mal, que je me pose pas mal de questions, et que j'ai du mal à me concentrer quand j'écris, enfin en partie en tout cas.

J'ai envie de continuer à explorer le fait de choisir ! Choisir plutôt que subir. Choisir plutôt qu'être une petite marionnette, d'être dans la pulsion. C'est assez libérateur, en fait, sur la confiance en soi, je trouve, un peu, la maîtrise de soi, même si je ne maîtrise pas tout. J'ai juste peur que ça s'arrête quand j'arrêterai les cachets, même en réduisant la dose progressivement, même avec l'aide de la psy.

J'ai envie de vous lire plus souvent et d'écrire ici plus souvent.

Mes 5 derniers livres lus (n°14)

Ça fait vraiment longtemps que je n'avais pas publié mes avis lecture. En même temps, après l'écriture du roman, j'ai eu du mal à me remettre dans la lecture parce que j'étais souvent fatiguée le soir. Mais là, je reprends, des journées entières, et l'article suivant devrait arriver dans peu de temps, enfin je pense.


Contes des marins
– Paul Sébillot

Lorsqu’au XIXe siècle, les marins de Saint-Cast (Côtes-d’Armor) embarquaient pour la longue pêche de Terre-Neuve, ils tuaient le temps en se racontant des histoires. « Parfois ils entraient tellement dans leur sujet qu’ils croyaient aux aventures qu’ils décrivaient », précise Paul Sébillot.
Rapportés avec toute la verve dont faisaient preuve nos navigateurs bretons, ces Contes des marins constituent le dernier des trois volumes des « Contes populaires de la Haute-Bretagne », publiés entre 1880 et 1882 et jamais réédités depuis. Témoignages inestimables d’une culture désormais disparue et véritables monuments de littérature orale, ces textes sont une référence indispensable aux amateurs de traditions populaires et, pour tous, une source de plaisir.

J'adore les contes ; je les ai redécouvert dans mon adolescence et j'adore les comparer, les rapprocher… j'avais tenté une formation de conteuse, un jour, mais j'étais malade le deuxième jour, et le premier avait été tellement éprouvant moralement, de devoir me retrouver à parler devant tout le monde… Enfin bref. J'ai bien aimé ces contes, même si je m'étais attendue à ce que davantage d'entre eux se passent en mer. J'avais aussi acheté le recueil dans l'espoir de trouver un truc pour le roman. Pas trouvé, par contre j'ai pêché quelques termes de marins, c'est toujours bon à prendre !

Certains motifs reviennent d'un conte à l'autre, un très long conte enchaîne plein de motifs connus, c'est intéressant de voir comment le pauvre héros semble ne jamais devoir finir son aventure, un peu comme si le conteur n'avait pas su choisir ses passages préférés et les avait tous rassemblés. Quatre mois après ma lecture, plus ou moins, j'en garde un bon souvenir !


Maîtresse des maîtresses
– Eric Rücker Eddison

Après la mort du roi Mézence, monarque qui maintenait d'une poigne de fer les Trois Royaumes – Rerek, la Meszrie et le Fingiswold –, de nombreux nobles tentent de s'accaparer le pouvoir. Complots et trahisons mènent la danse dans ce qui s'avère un ensemble d'intrigues politiques complexes qui présagent l'éclatement prochain de la Zimiamvie tout entière. Mais Lessingham, homme au tempérament et à l'intelligence hors du commun, entend maintenir la paix entre les différents camps, quoi qu'il en coûte, et compte bien s'armer de ruse pour déjouer les conspirations des plus rebelles.

Comme j'avais beaucoup aimé Le Serpent Ouroboros, je me suis jetée sur ce livre sans vraiment lire la quatrième de couverture ni même ce qu'il y avait de dans (d'habitude, je lis les premières lignes pour me faire une idée), et c'est ainsi que j'ai découvert en l'ayant dans les mains qu'il s'agit en fait du premier tome d'une série. Je veux la suite !

C'est indéniablement une lecture exigeante, tant par le vocabulaire que les tournures, les idées, les concepts, et la manière dont les temporalités se mélangent et parfois je ne savais pas si c'était vrai ou un rêve ou quand est-ce que j'avais basculé dans le rêve. Et pourtant j'ai adoré ! Les personnages, d'abord, dont Lessingham, qui par certains aspects a un petit côté héros de Jules Verne, beau, grand gaillard, honnête, remarquable en tous points… C'est un roman très dense, et pourtant l'histoire avance toujours, jusqu'aux prémices d'une guerre extérieure une fois les braises de la guerre civile éteintes. Pour la suite, il faudra attendre le tombe d'après !

J'ai été très impressionnée de la manière de E.-R. Eddison de gérer les descriptions. Je me retrouvais à lire des descriptions sans savoir quand elles avaient commencées, et où se trouvait la frontière avec l'action, tout coule tout seul, est super fluide, et j'adorerais savoir faire ça !!
Roman beaucoup moins étrange que le précédent, et pourtant tout aussi agréable à lire, avec un côté onirique, et une belle langue. J'ai adoré !


Murtagh
– Christopher Paolini

En Alagaësia, des mois se sont écoulés depuis la chute du tyran Galbatorix. Murtagh le Dragonnier et son dragon Thorn sont toujours considérés comme des traîtres et des meurtriers, car le royaume ignore l’aide qu’ils ont apportée à Eragon et Nasuada. Ils vivent en parias, à l’abri des regards. Mais la rumeur d’étranges évènements, aux confins de l’Alagaësia, ravivent de douloureux souvenirs pour Murtagh et Thorn. Et nul ne peut se soustraire à son destin. Commence alors pour nos héros un voyage épique à travers des terres à la fois familières et inexplorées. Confrontés à des ennemis aussi terrifiants qu’imprévisibles, ils auront besoin de courage et d’espérance. Car une mystérieuse puissance œuvre dans l’ombre…

J'ai eu beau avoir adoré Maîtresse des maîtresses, il reste exigeant et j'avais besoin d'enchaîner sur quelque chose de plus simple. L'écart a été tellement brusque que j'ai eu du mal à m'adapter sur toutes les premières pages, et puis finalement je suis entrée dans l'histoire, dans les pas de Murtagh et Thorn et, indéniablement, ce sont eux deux qui sauvent ce roman.

Murtagh, c'est la suite de L'Héritage commencé avec Eragon il y a... très longtemps. J'étais ado. Autant dire que je ne me souvenais de rien, même si les noms propres m'évoquaient quelque chose, un souvenir lointain, une musique sur la langue que j'avais déjà entendue, je serais quand même bien incapable de vous faire un résumé de l'histoire là où elle s'était arrêtée. Heureusement, ce nouveau tome, qui commence environ un an (enfin, je pense ?) après la fin des événements précédents, rappelle ce qui est nécessaire, donc je n'ai pas été perdue.

Le roman suit donc Murtagh, dragonnier détesté car connu de tous pour sa traîtrise, et son dragon Thorn, tous deux traumatisés des événements des années précédentes, de leur enfermement, des abus, etc., jetés dans une enquête sur les traces des vilains, et dans une quête vers un peu plus de paix intérieure. Et si je dis que ce sont eux qui sauvent le roman, c'est parce que je les ai trouvés vraiment très attachants, tous les deux, et que leur histoire traite des sujets vraiment très importants, qui peuvent parler à plein de gens, qui m'ont parlée, en tout cas. Pour eux, je lirai la suite avec plaisir.

Pour le reste… bon. Entre les quelques incohérences (du type : elle est censée porter une armure d'homme mais en fait c'est une jupe mais en fait c'est un pantalon ; ils sont en armure noire, puis en pagne mais en fait bien en armure noire), les comparaisons qui tombent un peu à côté ("l'eau [de la rivière] était comme de la glace liquide" : euh, oui, c'est un peu le principe, la fonte des glaciers l'été, tout ça, était solide, état liquide, état gazeux donc euh bah oui en fait hein l'eau de la rivière est de la glace liquide), les séquences dont on sent bien qu'elles sont là pour impulser quelque chose mais qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe (la caisse noire), ça peut devenir assez pénible à lire. Surtout si on ajoute à ces problèmes de l'auteur la bonne vingtaine de fautes, coquilles, mots manquant… c'est simple, en huit cents pages il doit y en avoir une vingtaine. "Sourdre" conjugué au passé simple alors que c'est normalement impossible, deux phrases avec des "que" et "qui" qui manquent, rendant la compréhension difficiles, des erreurs dans les accords… franchement, de la part d'une grosse maison d'édition comme Bayard, je trouve ça très peu sérieux et très peu professionnel. J'espère que la traduction de la suite – car Christopher Paolini évoque lui-même une suite – sera un peu mieux réalisée de la part de Bayard.


Le Château Solitaire dans le Miroir
– Mizuki Tsujimura

Un beau jour, le miroir dans la chambre de Kokoro se met à scintiller. À peine la jeune fille l’a-t-elle effleuré qu’elle se retrouve dans un formidable château digne d’un conte de fées. Là, une mystérieuse fillette affublée d’un masque de loup lui expose la raison de sa présence : elle dispose d’une année pour accomplir une quête fantastique qui lui permettra de réaliser un seul et unique souhait. Seulement Kokoro n’est pas seule : six autres adolescents ont le même objectif qu’elle.

Je l'ai pris sur un coup de tête, parce que je passais devant le rayon, que j'en avais entendu parler, que je payais avec mes chèques cadeau Culture, qu'il me tentait et je me suis dit allez zou, j'embarque. J'ai bien fait ! J'ai beaucoup aimé (même si je me suis malencontreusement divulgâché une partie de la résolution en jetant un œil à la mauvaise paaaaage ToT Ne faites pas ça, vraiment, parce qu'il y a un retournement, une astuce, bref : ne faites pas ça). Pourtant, ça partait un peu mal parce que moi, le récit à la première personne, j'ai vraiment du mal. Mais l'histoire est vraiment intéressante, alors je suis entrée dedans.

Le roman aborde le harcèlement scolaire et surtout ses conséquences. Mais pas que. Certains des jeunes de l'histoire ne sont pas des victimes, c'est plutôt qu'ils ont du mal à s'exprimer auprès des autres, alors ce qu'ils pensent peuvent être mal interprété, ou pas interprété du tout s'ils se taisent. Un moment, il y a une métaphore sur le suicide, le désir de ne pas retourner affronter le vrai monde, trop dur et trop moche. Plein de choses m'ont parlé, plein de choses sont profondes. Quelques répétitions m'ont toutefois gênée parfois.

C'est un super roman, une super histoire, et si on creuse un peu la fin, les implications, ça devient tout de suite assez abyssal (oui parce que, bien sûr, on finit par savoir ce qu'est ce château, si c'est un rêve, la réalité, une autre dimension, un délire psychotique, un film…, mais je ne peux rien dire !)


Les Prodiges de l'empire
, tome I : Darien – C.-F. Iggulden

La cité de Darien arrive au terme de son âge d’or. Douze familles y maintiennent l’ordre grâce à leurs soldats, leurs artefacts, leurs espions et leurs souvenirs, se cramponnant à une paix qui menace de s’effondrer. La population subit ce qu’elle ne peut changer.
Parmi ces vieilles querelles, un complot est ourdi pour éliminer un roi. Des étrangers à la ville seront contraints de s’y rendre : Elias Post, un chasseur ; Tellius, un vieux bretteur banni de chez lui ; Arthur, un garçon qui ne peut parler ; Daw Threefold, joueur et arnaqueur ; Vic Deeds, qui n’éprouve jamais la moindre culpabilité ; et Nancy, une jeune femme dont le pouvoir pourrait les perdre tous.
Au coucher du soleil, leur entrée dans la ville va provoquer une succession d’événements explosifs. Avant le lever du jour, six destinées auront été bâties – ou détruites – à Darien.

J'étais tombée dessus à la librairie il y a plusieurs mois alors que je cherchais parfaitement autre chose, et j'ai embarqué parce que ça me plaisait. Et comme, souvent, je ne rate pas trop mon coup dans mes choix, j'ai aimé !

D'abord, j'ai aimé tous les personnages ! J'ai eu peur au début que Vic Deeds soit un peu caricatural, ou que Daw et Vic se ressemblent trop, mais en fait pas du tout, tout est parfait ! Dans les qualités comme les défauts, j'ai trouvé ces personnages parfaits ! J'ai beaucoup aimé la plume aussi, la manière dont les choses sont menées. La fin se fait à un rythme bon aussi, alors que souvent j'ai l'impression dans ce type d'histoires où la fin explose, que l'auteur est allé à fond la caisse parce qu'il n'avait plus de pages pour prendre son temps. Là, non, c'est bien géré ! Et j'ai aimé la fin centrée sur Vic et Elias (oui, bon, j'aime Vic Deeds, j'avoue !).

En revanche, je trouve que le résumé n'est pas tout à fait juste, car une partie des personnages se trouve déjà à Darien. L'autre chose c'est que tous ne survivent pas (je ne divulgâche rien, c'est dans le résumé) et j'ai trouvé ça teeeeeeellement dommage parce que bon déjà je les aime tous donc forcément je suis triste mais surtout j'ai eu l'impression que l'auteur tuait un peu… disons "bon, je n'ai plus besoin de toi, donc tu sors" et peut-être qu'il y avait quelque chose d'autre à faire, je ne sais pas. J'étais triste, et jusqu'à la fin je me suis demandée si un pouvoir n'allait pas se révéler pour provoquer un retour de la mort et… non. Mort vraiment mort. En même temps, mort cohérente, mais quand même je garde cette impression de : "je n'ai plus besoin de toi" et ça me gêne un peu.

L'autre chose qui m'a dérangée, c'est que l'auteur fait référence à César, ou à la Bible, sans que le lien avec notre monde réel soit clair ou même établi autrement que par ces mentions, ce qui laisse une impression un peu étrange. C'est sans doute voulu, mais ça m'a un peu perturbée, tandis que, chez E.-R. Eddison, aucune de ce genre de mention du monde réel n'est dérangeante parce que dès le début il est établi qu'un lien existe, même si non explicité, et du coup les incursions de références du réel paraissent plus justes, plus à leur place.

Ce qui n'empêche que j'ai passé un bon moment, avec un auteur qui fait comme moi : qui saute les points de vue à l'intérieur d'une scène, et ça passe crème, c'est donc que la solution existe pour que ça marche (donc ça me fait plaisir, parce que je veux bien apprendre à mieux gérer les points de vue, mais j'aime bien aussi pouvoir en changer et ça me fait plaisir de savoir que mon naturel n'est pas forcément une erreur et peut marcher, bref).

J'ai aimé aussi le traitement des sentiments amoureux, avec beaucoup de subtilité, et en fait à la fin du roman je me suis dit que ça m'avait fait du bien de lire des amoureux que l'on devine sans que ce soit dit avec les gros sabots et qu'on en fasse tout un plat.

J'ai aimé ! La suite sort en juin, le troisième tome sans doute dans un an (en poche, en tout cas, car tout existe déjà chez Bragelonne), et j'ai bien hâte de savoir comment tout cela va se finir !

vendredi 29 mars 2024

Bloquée

Source – Tom Fisk
C'est sans doute comme ça que ça va finir. Bloquée ici encore un an. J'ai fait une bonne dizaine de candidatures auprès de musées, et on me répond toujours la même chose – quand on me répond – : non. Pas de poste à pourvoir, désolés. Il me reste environ un mois ; c'est la date que je m'impose, parce que sinon, pour assurer la transition avec mon successeur à la radio, serait trop compliqué. La psy dit que, si je n'avais pas abruptement arrêté les cachets (je suis arrivée au bout de la boîte et je me sentais bien alors je pensais que je pourrais gérer et en fait… ne jamais arrêter des antidépresseurs du jour au lendemain, mais je ne savais pas, et je n'ai pas osé dire à la psy, quand elle m'a demandé si je me souvenais de la courbe, qu'elle ne me l'avait jamais montrée) j'aurais réagi autrement. Je n'en suis pas sûre. Même si je culpabilise moins de partir même si on me dit que je fais du bon travail, j'ai quand même de l'empathie pour les gens autour de moi et je ne me vois pas mettre mon chef dans la merde. Sans alternance, il me restera une option pour la rentrée 2025 : recontacter le Port-musée de Douarnenez pour dire que je suis toujours disponible, pour leur remplacement de départ en retraite. Mais d'ici-là, il peut se passer plein de choses, et je pense qu'à la fin le poste ne sera pas pour moi. C'est un peu désespérant, en fait, de voir que rien ne bouge. Les autres autour trouvent des stages, achètent des maisons, rencontrent l'amour, adoptent des animaux ; il y a au moins un domaine où ça va et, moi, aucun. La santé, bof ; les animaux bon bah le chat en bas de ma rue ne supporte pas les espaces clos, je n'ai même pas réussi à l'amener chez le véto, et la chienne vue par hasard à adopter dans le Vaucluse (je regardais juste comme ça, je ne voulais pas vraiment adopter, mais je suis tombée amoureuse de son regard) était finalement déjà réservée, a-t-on répondu à mon mail (puis la veille j'avais vu une publication sur Facebook pour lire qu'ils cherchaient un adoptant exclusivement dans le Vaucluse pour des raisons administratives) ; l'amour bon ben n'étant pas bien avec moi-même et vivant dans ma grotte ça va être compliqué… Je vais envoyer des candidatures ce week-end, encore, mais je crois que dans le fond je me suis déjà résignée à faire une année de plus.

Avec mon chef, nous commençons à avoir des conversations qui partent un peu plus en sucette ; je pense que c'est depuis que j'ai dit que je m'en vais, il devient plus cool et relâche un peu la casquette "directeur" ce qui n'a pas que de bons côtés parce que des fois quand on rigole il va avoir un mouvement de la main vers moi, épaule ou bras, et moi je n'aime pas qu'on me touche, mais je ne sais pas comment le dire, parce que je vois bien que ce n'est pas exprès enfin dans le sens où il est plus tactile que moi, puis c'est vraiment hyper bref, juste un geste rapide, donc bon bref.

La psy dit que, d'avoir arrêté les cachets, je suis descendue à pire que ce que j'étais avant et que c'est pour ça que j'ai essayé de me scarifier (j'ai essayé une fois et réussi la fois d'après), mais finalement la scarification ce n'est pas trop pour moi, ce n'est pas la douleur qui me convient, puis il n'y a presque pas de sang. Puis je me sentais mal comme avant un malaise, parce que moi tout le truc un peu médical les tuyaux et tout ça me file des malaises et à voir la peau coupée droit ça m'a un peu fait ça. Je me suis fait un bleu, à la place. Ma meilleure amie le trouve énorme, moi je trouve que ça va. Elle m'a forcé à appeler le médecin, mais ça a raccroché et j'ai abandonné, mais pas elle et elle m'a dégoté un rendez-vous pour demain. C'est un peu bizarre d'être prise en main comme ça. Personne n'a pris rendez-vous à ma place depuis que je suis en âge de prendre rendez-vous toute seule. Ça m'a fait plaisir et en même temps je me suis dit la pauvre elle a pris du temps pour moi, puis en plus elle est au Canada, heureusement elle m'a dit ça ne lui avait rien coûté d'appeler en France. Elle m'a dit : "si tu ne peux pas je peux annuler", mais bon c'est pas cool pour le médecin, puis avec tout le temps qu'elle y a passé ce n'est pas cool pour elle non plus donc je vais y aller, chercher mes cachets (je vais en profiter pour les gouttes pour les yeux, aussi).

Toujours des problèmes avec mon matelas et ma voiture. J'attends la canicule pour tout traiter. C'est un peu long. Si je dois changer de matelas, celui que je veux, comme il doit être un minimum écologique et éthique, va dans les neuf cents euros, ça fait quand même une somme. Vous m'direz, je ne compte pas déménager cet été, donc bon, ça va, je peux piocher un peu dans mes économies. Je ne compte pas non plus aller au Canada, enfin j'aimerais bien mais je ne pense pas que ce sera mon tour, je pense que d'autres gens voudront voir mon amie, et elle ne pourra pas gérer du monde qui se succède chez elle trop longtemps, puis je pense aussi que je serais trop déçue pour avoir envie de voyager vraiment. J'irais peut-être voir la mer, en Bretagne (chouette, un voyage là où je veux vivre alors que je suis bloquée à l'autre bout de la France !).

J'ai du mal à me coucher tôt, en ce moment. Je me retrouve au lit à 22h, à m'endormir seulement une heure plus tard, du coup je suis fatiguée le matin, parce qu'il y a des trous dans la nuit, en plus. Une semaine à ce rythme, et ce matin je n'ai pas pris de petit-déjeuner (j'ai acheté un truc en route), je ne me suis lavée que les dents, habillée et je suis partie (enfin, habillée puis lavée), et je suis arrivée pile à l'heure comme j'ai traîné au lit avant de me lever. Le week-end de trois jours va faire du bien, si j'arrive à dormir. Je devrais faire les fiches de vocabulaire de mon égyptien, là, mais écrire m'a pris sur un coup de tête, je pense que je les ferai demain, si je m'y mets maintenant je vais faire ça par-dessus la jambe et ça n'avancera à rien. J'aimerais écrire beaucoup et lire beaucoup pendant ce week-end. J'ai hâte des vacances. J'ai hâte des JO. Et comme je me couche tard, que je suis fatiguée, je ne peux pas prendre le temps de lire, parce que je suis trop crevée (et j'ai du mal à lire vos blogs, aussi, parce que le week-end je veux juste lire et écrire, mais j'arrive, je vais récupérer mon retard, c'est promis !).

En ce moment, je ne sais pas, je crois que j'ai un truc avec les chiens. Des fois, ils viennent tout seuls vers moi dans la rue, même ceux dont le surnom est "Snobinard" parce qu'ils jugent les gens ; et quand je suis derrière sur le trottoir ils passent leur temps à se retourner pour me regarder ; ça l'a encore fait tout à l'heure. Je pense que c'est en partie un truc auto-nourri : je m'intéresse à eux, ils le sentent, et du coup ils sont curieux, mais il ne doit pas y avoir que ça, j'imagine, enfin je ne sais pas. Ça me fait plaisir, en tout cas.

Ce soir je vais enregistrer des petits trucs d'ASMR, pour essayer. Je mettrais peut-être sur Spotify, si ça me dit encore à la fin de l'enregistrement. Faut bien trouver des sources de bien-être autres que la douleur (oui parce que, quand vous avez mal, en fait le cerveau pour vous protéger vous envoie des hormones de bien-être, c'est pour ça qu'après un accident de voiture les gens qui ont des fractures ouvertes n'ont pas mal).

J'espère que ça va mieux chez vous que chez moi.

mercredi 28 février 2024

La poisse

À la base je voulais écrire un article sur le chat en bas de ma rue, celui pour lequel j'ai contacté l'association de la ville, que je devais amener chez le véto parce qu'il éternue (potipoussin) et qui n'était pas là le jour dit (eeeeeh oui, les humains avaient pris des dispositions pour lui mais…) et que je voudrais essayer d'adopter pendant les vacances, la semaine prochaine, voir s'il se sent bien chez moi. C'est toute une difficulté dans le dedans de moi, parce que je n'ai pas d'extérieur dans l'appartement, donc j'hésite, je tournicote, je me dis le pauvre potichat s'il veut sortir, je me dis s'il n'est pas bien chez moi, je m'entraîne à travailler à laisser les portes ouvertes, à me désangoisser de ça, à pouvoir rester concentrée même quand une porte est ouverte, pour que le chat puisse aller partout quand il veut (je me suis dit OK c'est pas différent de quand t'es dans un studio et que t'as pas d'espaces bien séparés, et d'autres trucs), je me renseigne sur internet, je me prépare, je monte des plans : je veux qu'il me suive jusqu'à l'appart, pas le faire entrer dans une boîte de transport, parce que je me dis que comme ça j'aurais peut-être moins l'impression d'un alien entré chez moi ; j'en ai parlé à la dame de la médiation animale, à la psy… Pour plein de gens adopter un chat est super simple, et moi je me dis il ne va pas m'aimer, ou il va m'aimer juste parce que je le nourris, ou comment je sais qu'il m'aime bien moi ou juste parce que je fais des papouilles dans la rue et que un autre humain ce serait pareil ? Je voulais parler de tout ça, en long, en large, et en travers. Mais en fait, j'ai eu une nouvelle, alors je vais parler de ça, plutôt (heureusement que je vois la psy demain, vraiment ce rendez-vous tombe parfaitement bien).

Je ne vais pas au Louvre.
Ce n'est pas que j'ai raté l'entretien. C'est qu'il n'y aura pas d'entretien.
La gentille madame m'a dit qu'elle avait demandé au DHR un budget pour l'apprentissage et qu'elle avait eu un refus ferme et définitif, donc pas la peine que je vienne. Heureusement que j'ai pris les billets tôt et qu'ils étaient remboursables sans frais. C'est toujours ça de gagné.

Ça m'saoule.

Pourquoi rien ne peut jamais être simple ? Plein de gens qui se réorientent trouvent leur formation, la suivent, et la réussissent, et trouvent un travail. Voilà. Aussi simple que ça. Moi, je tente Transition Pro, mais je ne suis pas éligible. Je contacte un DUT, mais j'ai déjà un Master et c'est un problème. J'envoie plusieurs CV à des musées, et ils ne recrutent pas en alternance. Et quand, enfin, j'ai la chance d'intéresser quelqu'un, qu'on me rappelle en quelques jours pour me dire oui, eh bien en fait ça ne marche quand même pas. Rien ne fonctionne jamais simplement. Que ce soit trouver une formation, me réorienter, l'administration ; c'que vous voulez ! Rien ne fonctionne jamais simplement. Même pour mon problème de voiture, il a fallu faire des pérégrinations de ci de là, parce que le premier garage ne savait pas, et il reste encore de l'eau qui ne pourra partir que cet été, et donc j'ai encore des moisissures. Pour mon problème de matelas, pareil. Rien n'est jamais simple, il y a toujours une étape après celle déjà passée. Je prends sur moi de prendre rendez-vous pour l'écho pour mon ventre, et ça ne suffit pas, faut une IRM derrière. Ça me saoule. Je voudrais bien quelque chose de simple au moins une fois, juste UNE putain de fois.

J'avais reçu un appel sans message sur la boîte vocale, je crois que c'était elle, mais j'ai rappelé entre midi et deux et je pense qu'elle était en pause. Heureusement que je ne l'ai pas eu au téléphone, en fait, parce que j'aurais pleuré, et j'étais encore en direct à l'antenne : la reprise après la pause musicale aurait été très compliquée… J'ai répondu au mail de la dame en lui disant que j'aurais aimé travailler avec elle, parce que je l'ai bien aimée quand je l'ai eu au téléphone, c'est vrai ; je crois qu'elle est comme moi : elle parle en même temps qu'elle réfléchit.

Bon. Le problème c'est que lundi mon chef a dit au chef du dessus que je réfléchissais à partir. Heureusement que je lui avais dit d'être prudent en attente de la réponse du Louvre. Parce que là… C'est vraiment la merde. Je vais faire d'autres candidatures, beaucoup plein, même dans des musées qui ne m'intéressent a priori pas tant que ça. Je vais contacter Paris Musées, et puis surtout ben… je vais répondre aux offres qui me seront envoyées par les administrateurs de la fac, même si ça n'a rien à voir avec les musées. La dame du musée de la Marine m'a dit qu'elle avait transféré aux RH mais je leur avais déjà envoyé, sans réponse, donc c'est mort de ce côté. Donc maintenant je m'en fous de où j'atterris, il me faut juste une entreprise et merde. Après, je me casse en Bretagne. Et je prends des cours de théâtre, je me paye une formation de doublage, et j'essaye de faire des voix de dessins animés. J'adorerais faire ça. (Oui, je cherche vraiment à me reconvertir dans les musées en sachant que derrière je veux encore faire autre chose.)

J'en ai marre. Je suis triste mais je suis en colère aussi, parce que rien n'est jamais simple, y a toujours des étapes supplémentaires, jamais d'autoroutes, alors que plein d'autres gens ont des autoroutes : diplôme, premier entretien d'embauche, premier poste qui leur plaît, et point. Ce n'est pas juste. Moi, que ce soit dans le professionnel, dans le personnel, dans le médical, rien n'est jamais simple, rien ne se fait jamais dans l'ordre, sans accroc. Je dois avoir un problème, ou la poisse. La vie c'est de la merde. Et comme j'écris cet article à la place d'écrire une histoire comme je voulais, je vais finir encore plus frustrée, parce que je suis trop fatiguée pour enchaîner derrière, je vois des étoiles. Je suis trop conne.

vendredi 26 janvier 2024

Impulsion

Source – Andrew
À la base, c'était censé être un article un peu joyeux, mais au final il n'aura sans doute pas cette gueule-là. En même temps, comme m'a fait remarquer la psy, je n'aime toujours pas mon travail, donc dans ces conditions comment les angoisses pourraient-elles s'en aller ? Du coup, j'ai toujours du mal à dormir, et je laisse même mon téléphone allumé ces derniers jours pour consulter WhatsApp au cas où mon amie expatriée au Canada m'aurait répondu, donc j'écris à trois heures du matin avant de me rendormir (enfin, d'essayer…). J'ai une petite boule de colère en moi, qui pousse-pousse-pousse, ça sent la vieille colère dans une cocotte-minute ; je pourrai me taper sur le front même si j'essaye de me retenir, je crie contre mon ordi qui ne fonctionne pas, ou quand je n'arrive pas à faire quelque chose, je rumine pas mal sur le fait que de toute façon personne ne m'aime et je ne suis pas assez bien pour être aimée, etc. La psy dit : "selon qui ?" – ben, selon moi – "donc ce que vous pensez s'applique aux autres, comme une loi universelle ?" – euh… Donc quand j'ai une pensé, et qu'à la question "selon qui ?" la réponse est "ben, selon moi", je dois la remplacer. Pas gagné. Hier j'étais énervée toute la journée, remontée comme une pendule. C'était après la psy, je crois que des choses travaillaient en arrière-plan. Je suis une petite boule de colère et d'anxiété. Ça s'est renforcé quand mon amie m'a parlé de trucs, qui ont fait vibrer ma blessure de rejet, et j'ai du mal à contenir les fantasmes négatifs de rejet, maintenant, depuis quelques jours. Pas top. Et pourtant, malgré tout ça, il y a en même temps une vraie impulsion à faire des trucs

J'ai recommencé à faire mes exercices de moyen-égyptien, ce que je n'avais pas fait depuis des mois, parce qu'à chaque fois que j'ouvrais la page des exercices et que je lisais les phrases à traduire les larmes me montaient et je me disais mais oh mon Dieu je ne peux pas traduire ça, je ne comprends pas… J'ai créé un serveur Discord, et j'ai demandé au secrétariat de l'institut de l'envoyer aux étudiants de ma promo, idée d'un ami que je n'aurais jamais réalisée il y a de cela quelques semaines, et là je l'ai fait sans trop penser au rejet ; je me suis juste dit que ça pourrait être sympa de papoter. J'aimerais reprendre sérieusement l'aïkido, et rajouter des vidéos de renforcement musculaire d'une états-unienne que mon amie au Canada m'avait passé cet été ; je ferai ça le jeudi et le samedi, je pense, à partir de février. J'écris beaucoup, aussi. J'aimerais lire plus régulièrement vos blogs et en découvrir de nouveaux (si vous en avez que vous aimez, dites-moi !).

Je suis un peu perdue, d'en même temps aller très mal, me mordre la joue et foutre du sang partout, me masturber par stress, de ne pas dormir, angoisser ; et en même temps avoir de la motivation à faire des trucs, une impulsion vers l'avant, un peu comme deux extrémités d'une même chaîne, enfin si on veut. C'est un peu bizarre. Ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas eu d'impulsion pour de vrai. À voir comment ça va durer. En plus, je me débats avec des problèmes de moisissures sur mon futon – et comme je suis très con, j'ai mis trop d'eau au cristaux de soude la dernière fois que j'ai voulu tenter un truc pour nettoyer, et maintenant l'eau s'écoule d'un côté ou de l'autre, attirée par la gravité ; il va me falloir des jours pour tout sécher, c'est un enfer. Au moins, les fuites d'eau dans la voiture sont réparées, c'est déjà ça de pris. Un pas à la fois. En plus je veux vraiment le poste au Louvre l'année prochaine, alors je n'ai jamais de fantasmes négatifs dessus, tellement je veux ce poste. Je serais vraiment triste et dégoûtée de ne pas l'avoir. Surtout s'ils me disent que finalement ils prennent un étudiant en Master ; là je me dirais que comme d'habitude la fatalité est contre moi. La semaine prochaine je vais relancer la dame pour avoir les informations pour les accès parce qu'un mois avant l'entretien ça ne me paraît pas trop tôt avant, je pense (?).

Mercredi j'ai décidé de couper les fantasmes amoureux avec le garçon imaginaire. Pas les fantasmes sexuels, parce que c'est sain d'en avoir et que j'aurais peur, en les coupant, de ne plus pouvoir en avoir plus tard. J'arrive assez bien à conditionner mon cerveau quand je l'ai décidé, mais du coup si je ne peux pas le déconditionner ce serait un problème. Puis en vrai je n'ai aucun problème avec l'usage de mes fantasmes sexuels, au contraire de mes fantasmes amoureux, qui prennent de la place même en pleine journée et sont la réponse à à peu près toutes les situations d'anxiété. Pas très sain. Donc j'ai tout coupé. À part quelques tentatives d'incursions, pour le moment ils me laissent tranquilles. Je me dis que ce sera la première semaine le cap le plus dur à passer.

Ce week-end j'ai un texte à corriger, un roman-sans-faire-exprès vu qu'à l'origine ça devait être une novella, et ensuite je vais pouvoir utiliser mon mois de février à lire, ce qui me fait vraiment super plaisir (en plus, me plonger des heures entières dans des bouquins, devrait m'aider à tenir les fantasmes à distance).

J'en fous vraiment pas une au boulot. Lundi, après un week-end de trois jours (voiture au garage vendredi) je n'en ai vraiment pas taffé une. Si j'avais été absente ça aurait été quasiment tout pareil, et le pire c'est que le chef ne se rend compte de rien. J'ai du mal à travailler. Un moment, c'était parce qu'il n'y avait trop rien à faire, mais maintenant même avec des choses à faire je n'ai juste pas envie de les faire. Quand je peux, je mets de l'ASMR pour me forcer à me concentrer, sinon ce n'est même pas la peine d'essayer… et nous ne sommes encore qu'en janvier. Je dois aller jusqu'à fin-juillet, comme ça. J'espère vraiment que je ne ferai pas encore une année à la rentrée prochaine.

jeudi 28 décembre 2023

Mes derniers livres lus (n°13)

Bien longtemps que je n'avais pas fait un article ! Je suis une lectrice lente, sans compter que quand je suis fatiguée le soir, parfois je ne lis pas. Mais je profite des vacances pour accélérer le rythme !


Nevernight
, tome 1 : N'oublie jamais – Jay Kristoff

Fille d’un renégat dont la rébellion a avorté, Mia Corvere a réchappé de justesse à l’extermination des siens. Livrée à elle-même, elle erre dans une ville bâtie sur les ossements d’un dieu mort, traquée par le Sénat et les anciens camarades de son père. À seize ans, elle va devenir l’une des apprentis du groupe d’assassins le plus dangereux de toute la République : L’Église rouge. Dans cette institution où les trahisons et les confrontations violentes sont monnaie courante, l’échec est puni de mort. Mais si elle survit à son initiation, elle fera partie des élus de Notre-Dame du Saint-Meurtre et se rapprochera un peu plus de son unique raison de vivre : la vengeance.

Au début, j'ai eu peur. Quand j'ai lu le résumé dans les rayons de la Fnac. "Notre-Dame du Saint-Meurtre", l'école dans laquelle on meurt, ça paraissait un peu trop. J'ai quand même ouvert le livre. Et j'ai été happée par l'écriture. C'est ce qui m'a convaincue de l'acheter, l'hiver dernier, même si les premières pages me paraissaient toujours "trop". Mais, quelques huit mois plus tard, j'ai eu besoin de lire quelque chose de sombre, alors je me suis lancée. J'ai eu un peu de mal au début parce que le trait de cette République inspirée de la République romaine, dans laquelle se déroulent toutes sortes de choses sordides, était un peu trop poussé, un peu exagéré, un peu caricatural. Du coup, un moment je me suis dit que je n'allais sans doute pas lire la suite de la saga, et je ne savais même pas si j'irai au bout du roman. Et puis, passés les premiers chapitres, l'impression passe. Je pense que l'auteur a voulu durcir le trait au début pour bien nous faire comprendre où l'on se trouvait, et ensuite, une fois plongés dedans, il y a moins de remarques sombres à tous les coins de pages, j'ai trouvé ça plus fluide. Et là… là j'ai été happée !

Nous suivons donc Mia, qui n'est pour moi ni vraiment une héroïne ni vraiment une anti-héroïne. Je crois que c'est un peu le cas de tous les personnages, en fin de compte. Dès le début, dans l'exergue du narrateur, elle nous ait présentée, ou du moins c'est ce que j'avais imaginé, comme une espèce de monstre, alors qu'en fait pas du tout. C'est une chouette gamine.

J'ai aimé Mia – je les ai tous aimés, à vrai dire, ils sont tous plein de justesse – et j'ai adoré Tric <3. Ce garçon est adorable (comprenez mon épouvantable chagrin à la fin de toute cette histoire, du coup). Une fois que j'ai été happée, j'ai été happée. Dans cette école pas banale où il vaut mieux surveiller ses arrières, dans l'histoire d'amour, aussi, qui est à sa juste place. Elle n'est ni là pour faire joli, pour répondre aux codes du genre, ni là comme une tromperie : le roman ne se transforme jamais en romance-guimauve, qui n'aurait collé ni avec l'univers ni avec les personnages. En gros, il n'y a pas tromperie sur la marchandise : on vous raconte bien l'histoire de Mia et de sa vengeance, et pas son idylle sentimentale. N'empêche que, moi, avec mon petit cœur de guimauve-shamallow-fondu, il a quand même fallu que j'aille lire une paire de chroniques sur les tomes 2 et 3 pour savoir à quoi m'attendre, parce que sinon je n'aurais jamais tenu (je suis trop fragile pour ça, et j'aime pas les histoires tristes). Bon, du coup, maintenant que je suis prévenue, je vais attendre un peu avant de prendre la suite ; je vais attendre que mon petit cœur guimauve-shamallow-fondu ait arrêté de pleurer.

Avec les professeurs complètement indifférents au sort des élèves, il y a quelque chose qu'on retrouve dans pas mal de manga shônen : des jeunes livrés à eux-mêmes au milieu d'adultes un peu frappés. Sauf que, dans les mangas, c'est traité de manière plutôt sublimée, un peu comme dans les contes, et de manière plus légère enfin disons plus tourné vers "comment les jeunes vont grandir à l'intérieur, trouver leur identité" etc. et au final les jeunes en question sont remplis de pouvoirs qui leur permettre de passer outre et de se débrouiller. Là, dans Nevernight, c'est traité d'une manière tout à fait différente, beaucoup plus crue, et les jeunes sont en fait à la merci des adultes. À part Mia, ils n'ont pas spécifiquement de pouvoirs, ils sont donc beaucoup plus vulnérable aux adultes frappés du bulbe. Je pense que c'est le genre de roman dans lequel l'atmosphère, ou les thématiques, ne sont pas du tout universelles : il faut que ça parle au lecteur pour que le lecteur accroche, sinon il se demande dans quelle histoire complètement what the fuck il est tombé. Moi, j'ai accroché.

Dans les derniers chapitres l'histoire bascule dans autre chose, en quelques sortes l'histoire change un peu de visage, avec la lutte contre un complot dont on a des indices ici et là mais sans que jamais l'on soit vraiment prévenus avant que c'est en cours. Et pourtant, ça marche. Je n'ai jamais eu l'impression que l'auteur nous avait collé sans prévenir la fin d'un autre roman à celui-là, tout coule de source.

Ceci dit, j'ai été gênée parfois par des effets qui reviennent, des expressions (beaucoup dans les derniers chapitres de remarques du narrateur du genre : "on doit leur reconnaître que" ou "à leur honneur, ils" etc.), j'ai trouvé parfois dans un seul paragraphes deux phrases sur la même structure ("blablabla, elle le savait") et cela m'a un peu dérangée.

On frôle parfois des incohérences, et puis parfois on tombe dedans. Comment le vent peut-il pousser les cheveux de Mia dans ses yeux alors qu'ils sont salis de sang et de poussière ? Comment Mia peut-elle finir de retirer son pantalon alors que deux pages plus tôt elle se tortillait pour se "libérer les jambes" ? Comment peut-elle envoyer son "ultime couteau" de lancer alors que, quelques paragraphes plus tôt, elle projetait "son dernier couteau" dans la gorge d'un soldat sans qu'il soit précisé qu'elle le récupérait sur son corps ? Comment les créatures de la bibliothèque peuvent-elles se dresser par-dessus les étagères alors que les livres sont censés aller jusqu'au plafond ? Ça fait une très jolie image de film hollywoodien, ces grandes créatures menaçantes par-dessus les étagères, mais, à moins de transpercer le plafond, ce n'est pas possible.

Du coup, je ne sais pas si ce sont parfois de vraies incohérences ou un déficit de description de la part de l'auteur, mais cela m'a dérangée dans ma lecture parce que moi quand vous me dites qu'il y a des livres jusqu'au plafond je n'ai pas l'idée d'une bibliothèque-avec-vraiment-beaucoup-de-livres : je vois des livres jusqu'au plafond. J'ai des images mentales plutôt très précises, je vais relire des pages ou des morceaux pour même avoir les expressions bien en tête parce que juste l'idée de la phrase ne me suffit pas. Donc ce genre de choses, minuscules ou un peu moins minuscules, ça a tendance à m'agacer et à me sortir de ma lecture et c'est dommage.

Un bémol aussi à la fin : l'un des personnages a coincé Mia et encourage un autre à la tuer ; je n'ai pas compris pourquoi il ne le fait pas lui-même alors qu'il est en position de le faire (d'un autre côté c'est peut-être une histoire de sentiments).

L'histoire et la plume m'ont vraiment prises. Elles ont résonné dans un certain nombre de mes angoisses, je crois. Mais ce n'est pas de la dark fantasy, il n'y a pas cette atmosphère poisseuse et gluante qui me colle des fantasmes morbides pendant des jours. Je crois que pour moi ça plus eu l'effet profond du conte, mais un conte qui viendrait parler à mes angoisses. Je suis retournée. Du coup, je lirai la suite ! Mais pas toute de suite… oh lala non, pas tout de suite… :'(



Nevernight
, tome 2 et 3 : Les Grands jeux et L'Aube obscure – Jay Kristoff

Mia est fait maintenant partie des Lames de Notre-Dame du Saint Meurtre au sein de L'Église rouge. Mais beaucoup pensent qu'elle n'a pas mérité ce titre. Elle commet des assassinats au nom de l'organisation, mais au fond d'elle son objectif est resté le même : se venger des responsables de l'assassinat de sa famille. Après une confrontation avec un mystérieux ennemi, Mia commence à douter des vraies motivations de L'Église rouge.

Lorsqu'il est annoncé que Scaeva et Duomo vont faire une apparition aux Grands Jeux de Sépulcra, la cité des morts, Mia choisit de défier l'Église rouge et se fait délibérément enlever afin d'être vendue à une troupe de gladiateurs. Par ce moyen et en gagnant les Grands Jeux, elle pourra s'approcher au plus près des assassins de sa famille et enfin accomplir sa vengeance. Mais tout ne va pas se passer comme prévu

*

Les grands jeux de Sépulcra ont pris fin dans un bain de sang. Mia Corvere, gladiatii, esclave et assassin tristement célèbre, est en fuite. Pourchassée par les Lames de l'Église rouge et les soldats de la légion Luminatii, elle ne s'échappera peut-être jamais vivante de la Cité des Ponts et des Os. Mais, sous la ville, un sombre secret l'attend. Si elle veut connaître les dernières réponses à l'énigme de sa vie, elle doit entreprendre un périlleux voyage à travers la République. Alors que la vrainuit menace de tomber pour la dernière fois, Mia parviendra-t-elle à survivre dans un monde où même la lumière du jour doit mourir ?

Je vous les présente en même temps parce que je les ai lu l'un à la suite de l'autre pendant mes vacances, donc pour moi c'est un peu comme si j'avais lu un seul gros tome.

J'attendais beaucoup de la suite de cette saga, comme le premier tome m'avait vraiment emportée. Je ne sais pas si je peux qualifier mon sentiment de déception, mais en tout cas ces deux tomes ont moins marché pour moi.

J'ai d'abord eu du mal à entrer dans le tome 2. Il y a pas mal d'informations qui sont répétées (comme le fait que les événements de fin du tome 1 se sont déroulés huit mois avant), en plus de la tendance de l'auteur a réemployer les mêmes expressions à deux ou trois paragraphes d'écart, ce qui peut être assez agaçant. Dans le tome 1, il appelle parfois ses personnages par "la blonde" ou "la brune", mais là c'était vraiment tout le temps et assez agaçant (ce qu'il ne fait plus du tout dans le tome 3). Du coup, le mélange de tout ça fait qu'il m'a fallu un peu de temps pour entrer véritablement dans l'histoire. Une fois que ça a été fait, je me suis laissée prendre au jeu.

On suit donc Mia dans son objectif de participer et de gagner les Grands jeux, sa relation avec les autres gladiatii, et avec Ashlinn, surtout, avec laquelle elle va finir par se mettre en couple.

J'ai trouvé les personnages vraiment sympa et les enjeux vraiment chouettes. Je me suis peut-être moins laissées emportée par ma lecture (même si l'univers est toujours super développé) ; j'ai eu l'impression que le savant mélange de dark fantasy et de série pour ado du tome 1 tirait plus vers le second, ce qui produit au final une atmosphère que j'ai trouvé moins riche.

Si je comprends le couple Mia/Ashlinn, qui a été préparé dès le tome 1 avec des indices quant aux sentiments d'Ashlinn pour Mia, que tout est expliqué sur le pourquoi du comment, le besoin de réconfort, le danger, l'amitié qui a précédé, etc., je n'ai pas réussi à m'attacher à ce couple, et ce sentiment m'est resté dans le tome 3. Je pense qu'il m'a manqué des scènes plus "romantiques" ou sentimentales, avec des confidences, ce genre de choses, comme on avait pu en avoir dans le tome 1 entre Tric et Mia.

D'ailleurs, en parlant de Tric, il m'a beaucoup manqué, il apportait au premier tome quelque chose en plus.

J'ai beaucoup aimé la conclusion de ce tome 2, les machinations et manipulations des uns et des autres, assez complexes et bien faites, j'ai trouvé. Et je me suis donc engagée dans le tome 3 tout de suite après.

Déjà, j'ai aimé y retrouver Tric, j'adore vraiment ce personnage, et je m'y suis véritablement attachée, ce qui fait que j'avais encore plus de mal avec le couple Ashlinn/Mia auquel j'avais déjà échoué à m'attacher. Tric est vraiment un garçon hyper adorable et je suis très triste de la manière dont ça se finit pour lui. Il est en fin de compte très seul, ne semble pas se lier d'amitié avec les nouveaux compagnons de Mia, fait un peu bande à part, et termine très seul, dans l'indifférence presque totale : à la fin, aucun personnage ne se demande où il est passé. La seule pensée qui s'intéresse à lui est en fait un indice de l'auteur pour indiquer que ce n'est pas fini et qu'il faut rester alerte sur ce quelque chose qui va se produire. Sinon, personne ne demande des nouvelles sur son compte, personne ne pense à lui, et on ne sait même pas vraiment si ça termine bien pour lui. On peut imaginer qu'il se retrouve avec des gens qu'il aime ou a aimé, mais aucun de ces personnages n'a été vécu pour le lecteur : on en a juste entendu parler, on ne sait donc pas comment ils sont, ils n'existent pas, un peu, et ne suffisent pas à combler l'impression de solitude que je garde autour de Tric. Sentiment qui me fait d'autant plus mal que j'ai adoré ce personnage, vraiment très, très fort, que c'est vraiment un gentil garçon, le plus doux des personnages, et qu'il ne méritait vraiment pas de finir aussi seul.

Je crois avoir compris que ce n'est pas le sentiment que veut susciter l'auteur : il veut plutôt montrer la loyauté, la bonté de cœur, etc., mais au final ça ne marche pas sur moi : je ne retiens qu'un abyssal sentiment de solitude, au point même que ça entache le sentiment que j'ai de toute la fin qui est pourtant assez heureuse, en fin de compte, avec une note d'espoir. Mais moi, je ne retiens que Tric et sa fin déchirante.

Au-delà de ça, une autre chose m'a un peu turlupinée. J'ai trouvé dommage qu'en fin de compte l'intrigue sur la vengeance rejoigne si complètement celle sur le destin de Mia (même si, là-dessus, je dois dire que, de ce que j'ai compris, le côté "élue" de Mia relève plus de "désigné volontaire" que du "choisie avant même sa naissance", ce que j'apprécie, moi qui n'aime pas les histoires de destin !), parce qu'en fin de compte on se retrouve avec une bête histoire de lutte de l'ombre contre la lumière, de lutte de l'ombre contre elle-même, et j'ai trouvé ça dommage que ça vire au block-buster.

J'ai aussi eu du mal à visualiser certaines scènes à cause des lieux mal ou peu décrits et du coup j'avais du mal à imaginer les mouvements, les déplacements.

Ceci dit, il y a beaucoup de leçon, dans ce roman, glissées çà et là, sur le fait d'oser, d'affronter la peur, la partie sombre de nous-mêmes, ce que j'ai trouvé très bien !

J'ai beaucoup aimé aussi la scène où les personnages racontent les ratés de leur première fois. Je trouve que c'est un sujet dont au final on parle assez peu et c'est une parenthèse sympa qui dédramatise un peu la question, j'ai bien aimé ! En revanche, j'ai un problème avec la scène de sexe coupée au montage et présentée à la fin comme un bonus : elle commence véritablement quand Mia se réveille sous les stimulations d'Ashlinn, ce qui, en fait, constitue une agression sexuelle, donc bof.

J'ai bien aimé aussi l'autodérision de l'auteur concernant notamment les reproches que l'on pourrait lui faire sur les scènes érotiques !

En revanche, je regrette les quelques incohérences ici et là. Ashlinn qui tout à coup a une odeur de jasmin alors que c'est de la lavande ; la tisseuse qui modifie son propre visage pour se rendre belle et dans la description l'auteur y inclut les cheveux alors qu'il a été dit qu'elle ne pouvait pas faire repousser les cheveux, ce qui avait une certaine logique avec son pouvoir centré sur les chairs et les muscles ; et, surtout, les fragments de la Lune censés tous se réunir mais dont il reste au final au moins deux exemplaires égarés à la fin du roman : ça n'aurait pas dû être possible, ou si ça l'est on ne peut pas dire, du coup, que la prophétie est réalisée.

J'en suis d'autant plus irritée que tout se passait bien, jusque-là. Je commence à en avoir un peu assez des auteurs qui font des incohérences sur leur propres univers parce que ça les arrange, ou pour faire passer le message de la conclusion : bah oui mais ton message, aussi plein d'espoir et sympathique soit-il, il est mis en scène d'une manière qui nie tout ce que t'as dit avant. En ce moment dans les livres que je lis il n'y a que ça, ou du moins il y en a beaucoup, qui finissent avec des incohérences, et ça me fatigue. Ce n'est quand même pas si compliqué que ça de faire attention…

Au final, je vous rends un avis très en demi-teinte alors que j'ai passé un bon moment !

Mais le souvenir de ma lecture est pas mal entachée par la fin de Tric, qui me broie le cœur.


L'Âme des Parangons
– Pierre Grimbert

On les avait condamnés au bagne, sans espoir de retour. Une centaine d’hommes et de femmes, enchaînés, alignés dans le convoi les menant vers leur dernière demeure. Des individus issus de tous les royaumes, et coupables – le plus souvent – des crimes dont on les accusait. Mais au cours de cet ultime voyage, le destin devait en décider autrement.

Lors d’une terrible tempête de sable, aveuglant les gardiens, rendant les bêtes folles de terreur, les prisonniers se retrouvent libres à nouveau. Mais dénués de tout, dans des territoires inhospitaliers, livrés à eux-mêmes, à leur sauvagerie, à leurs différences, à leur soif de paix… ou de vengeance.

La tempête a aussi exhumé les ruines d’une cité si ancienne qu’aucune carte ne la mentionne. Est-ce le signe que certains attendaient ? Une chance unique d’établir une communauté de repentis, de racheter leurs âmes ? Ou une occasion inespérée de fonder un royaume de brigands ? Et de prendre leur revanche sur l’injustice dont ils ont souffert…

Au bout de quelques pages, j'ai pris conscience d'avoir commencé à lire sans même lire le résumé. En lisant le résumé, j'ai réalisé que j'avais acheté le livre sans le lire non plus. C'est vous dire si j'ai une confiance aveugle en Pierre Grimbert.

J'ai enchaîné sur celui-ci, parce que c'est Pierre Grimbert, que je sais que ça finit bien, avec de l'espoir, tout ça, et que j'en avais grand besoin. Au final c'est à la fois une bonne et une mauvaise pioche. Bonne pioche parce que c'est du Pierre Grimbert, et que donc la note finale est à la hauteur de mes espérances, et mauvaise parce que j'aurais voulu un autre dénouement pour Ma'tis (mon p'tit chouchou :P).

Déjà, le parti-pris de Pierre Grimbert est un peu risqué : pendant plus d'une dizaine de chapitre, l'on a un point de vue différent, d'un personnage différent, à chaque chapitre. Pari réussi : je n'ai jamais été perdue ! Je savais toujours où j'étais, ça a marché pour moi !

On suit donc nos pauvres rescapés de la tempête jusqu'à une ville en ruines où ils vont devoir y survivre. Je trouve que le résumé induit une histoire qui se déroulerait sur plusieurs semaines voire mois mais en fait pas du tout : en quelques jours c'est bouclé, et j'avoue que j'ai beaucoup aimé ce choix ! déjà parce qu'il est réaliste, et puis parce que les grandes aventures de plusieurs mois, ça va deux minutes.

Comme d'habitude avec Pierre Grimbert, les personnages sont extras ! Peut-être que ce que l'on peut reprocher à leur grand nombre et au choix de changer souvent de point de vue, c'est que du coup j'ai trouvé un peu plus dur que d'habitude de m'y attacher profondément. Mais ils sont tous très, très, très chouettes ! J'ai aimé que la question des esprits un peu dérangés soit abordée (oui, parce que, parmi les rescapés de la tempête, autant il y a des innocents et des cas de légitime défense, autant il y a des tueurs en série et des gens un peu frappés du bulbe, hein), et j'ai aimé la manière dont elle l'est, parce que le point de vue de certains de ces personnages est utilisé, et il est possible d'avoir une certaine empathie pour eux (ce n'est quand même pas de leur faute s'ils sont un peu dérangés, et dans notre monde contemporain ils auraient fini entre les mains d'un psychiatre plutôt qu'au bagne).

Et, ô miracle, pas d'incohérence au compteur !! (oui, j'en suis vraiment à souligner les romans où il n'y en a pas…)

L'écriture est super fluide, super chouette, comme d'habitude ! J'aurais peut-être aimé parfois une focalisation un peu moins externe, un peu plus de sensations sur ces corps soumis au chaud, au froid, à la faim, à la soif, à la peur, mais j'ai suivi cette aventure avec beaucoup d'intérêt jusqu'à la fin, avec la note d'espoir pour ce qui est des héros (ou j'ai choisi de voir ça). J'aurais bien voulu savoir ce qu'ils deviennent après tout cela, en revanche (mais le fait que l'on ne sache pas laisse la porte ouverte à une suite et, moi, je veux une suite).

J'ai aimé la fin d'autant plus que je ne l'ai pas trouvée précipitée comme avec le roman précédent, le rythme est parfaitement bien dosé ce coup-ci !

En gros, si vous voulez un roman bien écrit, avec de super personnages très, très chouettes, menés dans une ville hostile et dangereuse, mais sans l'ambiance pesante d'une dark fantasy, avec une sorte de tendresse, allez-y !


Cinqueterre
– L.-F. Courteveille

Longtemps après l’extinction des humains, les qwentils mènent une existence des plus paisibles, en leur vallée sanctuaire du Briselonde. La violence, dit-on, a disparu pour toujours, grâce aux anciens, les seigneurs protecteurs, détenteurs d’une magnifique et puissante magie. Comme leurs véhicules sans attelage, ou ces mirenoirs capables de figer l’image d’une personne – un reflet immobile, parfait, qu’ils nomment des silfies.

Et autour de cet étrange paradis, rôdent les ronfles...

Embarquez pour un voyage entre la Fantasy et la Science-Fiction, vers un futur que vous n'auriez jamais osé imaginer. D'une petite vallée où le temps semble figé, partez à la découverte de Cinqueterre... mais qui sait où vous mèneront vos pas, à travers mille péripéties inattendues ? Pourquoi pas jusqu’à l'ultime révélation, celle qui redistribuera les cartes entre le bien et le mal ?

C'est un roman que je veux lire depuis vraiment longtemps, quand j'étais encore sur Twitter et que l'autrice postait des extraits et papotait – donc plusieurs années. J'aimais beaucoup ses extraits, même très courts, parce que j'aimais la richesse du vocabulaire, les tournures, etc. Pourtant, un mélange SF et fantasy, ce n'est pas vraiment ce que je lis habituellement, surtout qu'elle présente ça comme un récit second truffé de références pop culture (je pense que, à part les tessela, nom des voitures, je n'en ai comprise aucune et trouvé à peu près autant xD) ; et puis j'avais tendance à me méfier des bouquins auto-édités. Mais le roman était resté sur ma liste. Juste, ce n'était pas le moment, j'avais besoin de lire autre chose. J'ai enfin lu. Et comme mon instinct me trompe quand même très rarement : j'ai adoré.

J'ai préféré le premier tome au second, je crois, mais je les ai tous les deux appréciés ! Les personnages sont sympa comme tout, l'univers est très sympa, avec des choses que certains personnages ne comprennent pas mais que nous, oui, parce que cet univers n'est jamais qu'un futur lointain et imaginé de notre propre monde, donc il y a des références que l'on capte. Les personnages sont vraiment bien présentés, tout en finesse. À la lecture du premier tome, je n'étais pas encore à la moitié, je crois, que je me disais que c'était un roman diablement intelligent. Très bien écrit – et parfaitement compatible avec l'écriture que j'aime : du vocabulaire, et une chronologie claire ("deux jours avant", etc.).

On évite le triangle amoureux à la sauce Young Adult, et c'est quand même très appréciable ! S'il avait eu lieu, le roman aurait perdu en qualité et en profondeur, je pense.

J'ai aimé aussi le second tome, particulièrement le fait que l'on se penche davantage sur le peuple des anciens, en ayant, pour la première fois je crois, des passages à leur point de vue, surtout celui de Cassidan. Et comme j'adoooooooooooooore Cassidan ça m'allait ma foi très bien ! Je regrette peut-être que, du coup, la ligne chronologique des Tollivert s'efface un peu et qu'ils ne sont pas vraiment les héros de ce récit, sans qu'on les lâche tout-à-fait ; je crois que j'aurais voulu les voir un peu plus. Mais les voir plus, c'était moins mettre l'accent sur Cassidan, sur l'aventure de Merle qui est aussi une aventure de guérison, d'émancipation, en quelques sortes, par rapport à ses traumatismes, et qui sont en fait les vraies histoires de ce tome-là.

C'est un roman qui tape un peu sur notre époque, notre époque qui pollue, notamment. C'est un roman, surtout le second tome, qui est une ode au voyage, à s'ouvrir au monde et aux autres, plutôt que de rester dans son petit univers, en tout cas je l'ai compris comme ça.

L'écriture est parfaitement compatible avec ce que j'aime, et la fin aussi ! Un moment, quand on croit à la fin de Cassidan et Niamh, j'étais un peu… déçue ? amère ? tristoune ? (je ne peux pas être trop précise pour ne pas divulgâcher, mais disons qu'il y avait un côté… vous savez, quand les personnages ne meurent pas vraiment mais n'existent pas vraiment non plus) Et en fait, ils ont le droit à une vraie fin, et ça me fait vraiment plaisir. D'ailleurs, en parlant d'eux, leur intrigue tourne de manière assez inattendue et en même temps… en même temps j'y crois. Jamais je ne me suis dit que ce n'était pas crédible, que bon sang qu'est-ce qu'il se passe c'est n'importe quoi ; et jamais je ne me suis dit non plus que l'autrice en avait dit trop, qu'on avait parfaitement deviné. En fait, elle a parfaitement bien dosé le rythme, les indices, etc. ce qui fait qu'il y a un côté surprise préservée et en même temps c'est crédible, ça ne tombe pas du tout comme un cheveu sur la soupe. C'est parfait !

Mon seul unique micro-bémol c'est que j'avais du mal souvent à m'imaginer les lieux décrits, l'agencement, la droite, la gauche… je crois aussi avoir repéré une micro-incohérence dans le premier tome (de l'ordre de on dit deux et deux pages plus loin on dit trois), mais franchement, vu les giga méga incohérences que les uns et les autres nous sortent crème, et vu que tout le reste est nickel, ce n'est même pas un reproche.

Elle utilise parfois le dédoublement de l'écriture dite inclusive ("les gamins et les gamines") et ça m'a chaque fois dérangée, parce que quand on me dit "gamins" j'imagine déjà des garçons et des filles, et j'ai toujours l'impression que si on sépare c'est que la séparation est importante, que gamins et gamines seront traités différemment dans l'histoire. Heureusement ça reste rare et ça n'enlève rien à la qualité du roman et à mon enthousiasme !

Mon seul regret tient à quelque chose qui n'a rien à voir avec le livre : quand j'ai voulu acheter l'intégral sur Amazon où il est disponible, mon compte a été clôturé, et j'ai donc dû le prendre sur Leboncoin. J'aurais voulu que l'argent tombe plutôt dans la poche de l'autrice, je suis un peu tristoune. Elle a annoncé il y a un moment sur Twitter qu'elle était malade, et on n'a pas de nouvelles depuis, donc j'espère qu'elle va bien, et qu'elle écrira des tonnes d'autres romans, parce que celui-là, franchement, n'est pas loin d'être un coup de cœur ! Puis, c'est vrai, j'ai un petit cœur fragile, j'aime les histoires où tout est bien qui fini bien (quand je vous dit, que le travail de cette autrice est parfaitement compatible avec la lectrice que je suis !).


La Cité diaphane
– Anouck Faure

Merveille architecturale élancée vers le ciel, Roche-Étoile a connu la splendeur et la chute. La cité sainte de la déesse sans visage est maudite, réduite à l’état de nécropole brumeuse depuis que les eaux de son lac et de ses puits se sont changées en poison mortel.

Sept ans après le drame, l’archiviste d’un royaume voisin se rend dans la cité défunte avec pour mission de reconstituer le récit de ses derniers jours. Mais il s’avère bientôt que Roche-Étoile abrite encore quelques âmes, en proie à la souffrance ou à la folie, et celles-ci ne semblent guère disposées à livrer leur témoignage.

Un jeu de dupe commence alors entre l’archiviste et ces esprits égarés, dans les dédales d’une cité où la vérité ne se dessine qu’en clair-obscur, où dénouer la toile du passé peut devenir un piège cruel.

Ce roman m'avait plutôt tapé dans l'œil dès le début, et la lecture de l'extrait sur le site de la ME avait achevé de me convaincre.

J'ai bien aimé, mais pas autant que je m'y attendais. Je dois dire que j'ai connu un trou d'intérêt d'une centaine de pages, à partir du moment où l'identité de Vanor est révélée, jusqu'au dernier arc, l'expédition du prince, qui a de nouveau attisé ma curiosité. J'ai traversé ces cent pages du milieu comme on traverse un film alors qu'on est malade : j'ai lu, sans ennui mais sans enthousiasme non plus. Puis autour de la moitié du bouquin, mon intérêt est reparti.

Je n'ai pas aimé cette révélation autour de l'identité de Vanor, peut-être parce que je m'attendais à autre chose, quelque chose de plus mystique, et puis c'est amené tellement vite qu'en fin de compte je ne me suis pas dit que je m'étais fait avoir comme un bleu, je ne me suis pas dit avec jubilation que j'avais deviné, ni rien de tout ça : je me suis juste dit : gné ? OK-KÉÉÉÉ... Pour moi, ça tombait brusquement, comme un cheveu sur la soupe. J'ai quand même continué de lire, parce que c'est bien écrit et qu'il m'en faut quand même beaucoup pour que j'arrête un livre au milieu. J'ai quand même bien fait de continuer, car j'ai au final apprécié ma lecture.

D'abord, j'ai beaucoup aimé l'ambiance. La fin tourne à la dark fantasy sans l'ambiance gluante qui va avec et qui me file le bourdon pendant trois jours, ce qui me convient tout à fait. C'est une ambiance davantage… mystérieuse ? un peu comme un rêve, je dirais, assez légère et enveloppante. L'aventure du prince, mais aussi d'autres éléments du récit donnent la sensation d'un grand conte, ce que contribue à renforcer le fait que les noms des personnages ne sont quasiment jamais dit, car un nom prononcé est un nom que les démons peuvent entendre et dont ils peuvent se servir. Donc, les personnages sont "la jeune dame", "le mendiant", etc. et ça donne un côté universel, comme dans les contes.

On ne sait pas si Vanor est homme ou femme, et lui-même ne le sait pas car ses souvenirs lui ont été pris pas la déesse. Je crois, en y repensant, qu'Anouck Faure a tourné son texte de manière à ce qu'il y ait le moins d'accords possibles, et en fin de compte c'est assez habile, ça participe aussi à l'atmosphère particulière.

C'est une histoire d'amour filial, de trahisons, de quiproquo… en fin de compte assez simple mais bien racontée. Je crois que si vous n'êtes pas trop habitués à la fantasy, mais que vous aimez les contes, ça pourrait vous plaire !


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