dimanche 9 mars 2025

Anxiété

Source – DSD

Blogger dit que la dernière fois que je suis venue par ici c'était en janvier… faut vraiment que je vienne plus souvent. J'aime toujours écrire ici, c'est vrai… Bon, comme d'hab', je ne vais rien raconter de bien joyeux. Forcément, comme je n'ai pas écrit depuis longtemps je dis tout d'un coup et en vrai il y a des jours où ça va bien, déjà quand l'album de Lady Gaga est sorti, pour commencer, et l'autre jour j'ai fait du pilates avant d'aller au travail, c'était chouette. N'empêche que globalement c'est pas la grande forme… avec la psy on a parlé par mal d'auto-sabotage dans ma recherche d'emploi, alors j'essaye de me mettre un grand coup de pied au cul. J'ai fait plusieurs candidatures hier. Des fois, je vais avoir un pic d'enthousiasme pour bosser mes hiéroglyphes, faire du sport, postuler ici et là, et puis ça retombe vite, je m'arrête en plein milieu de la tâche parce que je n'ai plus envie… Hier et aujourd'hui, je fais ça avec Lady Gaga dans les oreilles, parce que le nouvel album est vraiment très, très cool et ça m'aide à ne pas réfléchir, à mener ma tâche jusqu'au bout.

Le mois dernier je suis partie faire une formation de premiers secours en santé mentale. Le premier jour n'a pas été le plus intéressant parce que c'était consacré presque exclusivement à la dépression et bon, vu que j'ai écouté une amie pendant trois ans alors qu'elle faisait une dépression vraiment sévère, et que moi je suis en dépression légère et que j'ai vécu des phases violentes, je ne crois pas avoir vraiment quelque chose à apprendre sur la dépression. Le second jour c'était sur les troubles anxieux et les troubles psychotiques, là j'ai appris davantage de trucs, c'était vraiment intéressant. Depuis, j'ai reçu le manuel de PSSM, j'aimerais le potasser pendant les vacances d'avril. Surtout, ce second jour, je me suis rendue compte que j'ai des troubles anxieux. Enfin… j'ai de petites graines en devenir, des bébés tiges qui poussent si je ne fais pas attention. C'est à base de : "han ! elle ne m'a pas répondu ! c'est parce qu'elle ne me parle plus ?? je l'ai saoulée ??" et de scenarii catastrophe. Ça s'était un peu calmé ces derniers mois, et puis c'est revenu ces dernières semaines, ça m'a tenu éveillée une heure au milieu de la nuit…

En fait, c'est à cause de ce qu'il s'est passé lundi de la semaine dernière. Avec une fille du petit groupe Discord d'écriture où je suis, on s'était vues le samedi d'avant avec d'autres filles du groupe, dont une qu'on sentait un peu en retrait, moins investie, etc. et qui s'était présentée à notre hôtesse (une autrice qui nous a expliqué des trucs sur l'auto-édition de manière très informelle) avec son nom de plume et pas son vrai nom et moi je me disais merde quand même c'est pas cool (je me permets d'en parler parce que j'en ai discuté avec elle, s'était un malentendu donc voilà, je ne règle pas mes comptes sur le blog, je préfère préciser) et donc avec l'autre fille on parlait de ça jusqu'au moment où elle me dit : "en fait le problème ce n'est pas elle, c'est toi" et là on sent tout le truc retenu depuis longtemps, vous voyez. Donc elle me parle de la partie un peu irritable de moi, ma tendance à m'emporter, à me montrer inflexible, râpeuse (tout ça, ce sont mes mots) qui peut censurer (ça, c'est le sien) les autres et que c'est pour ça qu'elles sont pas à l'aise pour parler, parce que je ne suis pas fiable, qu'on peut pas avoir confiance en moi et tout et elle me rementionne un truc que j'avais fait plusieurs semaines avant, pour lequel je m'étais excusée et tout. Donc on discute de ça.

Et je me dis ben… je n'ai pas envie qu'elles se sentent mal à l'aise avec moi, je n'ai pas envie de faire du mal aux autres, si mon molosse intérieur a mordu au mauvais moment c'est pas bien, donc j'ai quitté le serveur. Et là elle m'a dit que c'était pas ce qu'elle me demandait et tout et j'ai dit oui je sais mais c'est ma réponse parce que je ne peux pas changer à court terme et je ne peux pas non plus continuer à vous mettre mal à l'aise. Et elle me dit qu'elle a une autre interprétation de notre discussion. Et là, je ne comprends pas, je lui demande de m'expliquer, elle me dit que je n'ai qu'à relire la conversation sauf que… je vais faire quoi ? relire les mêmes phrases et espérer les comprendre d'une manière différente ? Et là je lui sors l'exemple de mon prof de maths qui répétait tout le temps la même chose et finissait par nous dire : "si vous ne comprenez pas, c'est que vous n'écoutez pas" et elle me dit que c'est passif-agressif et toxique de lui sortir cet exemple-là alors qu'elle est prof, que j'ai "réussi un truc disruptif" et que je peux "revenir sur le Discord, maintenant"... elle n'a jamais cru que je ne faisais pas ma drama queen, mon caca nerveux ; elle n'a jamais cru que c'était plus profond que ça et du coup quand elle me dit pour la énième fois qu'elle a une vie et qu'elle n'a pas que ça à faire que de me parler (entrer dans mon jeu, donc) je m'énerve (parce que aussi ça me renvoie l'impression que, moi, je n'ai pas de vie à part écrire) et je lui dis que je lui ai rien demandé, qu'elle vive sa vie et se fasse passer en premier. Mais du coup, puisqu'elle pensait que je faisais ma drama queen pour avoir de l'attention… j'envoie deux messages contraires… elle m'a dit que j'étais toxique, perverse, et qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec moi.

On n'était pas si proches, je crois, donc ce n'est pas la rupture amicale en elle-même qui m'a ébranlée mais davantage la manière dont ça s'est passé, cette incompréhension. Même quand je lui disais qu'on ne se comprenait pas, que je ne me reconnaissais pas dans les propos quand elle disait : "hier tu as dit ça" et inversement, elle ne le comprenait pas. On ne se comprenait mutuellement pas. C'est plus ça, qui m'a perturbée. J'ai eu l'impression d'une plongée dans une réalité parallèle, en fait… Et bon, maintenant, ça, ça va, je ne crois même pas avoir envie qu'elle revienne me parler si jamais elle se rend compte de la méprise. Je suis échaudée. Mais pour en revenir aux angoisses, eh bien, cette nuit ça tournait autour de ça : et si elle va raconter à d'autres gens que je suis perverse (je sais qu'une des autres filles du groupe ne me parle plus) et que ces personnes-là ne veulent plus me parler non plus ? si je la croise par hasard à une dédicace et qu'elle dit à mes amis que je suis perverse ? si j'auto-publie mes romans (c'est une idée comme ça, mais je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'être lue, en fait) et qu'elle me mène la vie dure ? si elle vient me faire chier parce qu'une bénévole de la radio va lire son livre jeunesse à l'antenne et qu'elle le prend pour une provocation si j'identifie la maison d'édition dans une publication sur les réseaux sociaux ? Je sais que c'est irrationnel. Je sais qu'il n'y a aucune raison pour que les filles avec lesquelles je parle sur Instagram ne m'aient pas encore répondu après quelques jours parce qu'elles ne veulent plus me parler. Je sais que ça ne va pas se transformer en harcèlement. Ce sont des angoisses irrationnelles. Je le sais. Et pourtant elles m'ont tenues éveillée.

Ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé. Pourtant j'ai déjà parlé de cette affaire avec la psy. On a parlé du rêve que j'ai fait dans la nuit du lundi au mardi, on a parlé du monstre intérieur. Et l'anxiété est toujours là, et elle se répand.

Je me dis que j'aimerais bien essayer de prendre un chien, puis je me dis que qu'est-ce qui se passe si les gens de l'association voient que j'ai pas fait le ménage depuis des semaines dans ma cuisine parce que je n'y arrive pas ? qu'est-ce qui se passe si je n'arrive pas à sortir de chez moi alors que le chien en a besoin ? qu'est-ce qui se passe, aussi, si finalement aux refuges il n'y a aucun chien qui puisse se sentir bien avec moi ? Je me dis des fois que prendre un chien c'est acheter de l'amour, parce que c'est sûr que le chien va t'aimer même si tu le mérites pas.

Hier, j'ai réussi à postuler à des trucs et à faire mes hiéroglyphes. Aujourd'hui j'étais censée sortir mais il fait pas beau, j'ai pas envie d'avoir froid, et puis quand il fait pas beau la lumière dans la forêt est toute grise et j'ai envie de voir des feuilles dorées et des formes sur le sol et d'avoir chaud donc s'il fait beau cet après-midi je sortirais sinon tant pis.

Mais voilà, je me débats avec des angoisses un peu collantes en ce moment. En plus cette nuit ma veilleuse était déchargée (c'est ma meilleure amie qui m'a envoyé une veilleuse et elle a bien fait parce que des fois je me sens oppressée et seule dans le noir alors j'ai besoin d'une présence) alors j'ai dormi dans le noir donc l'endormissement était un peu dur.

J'espère que vous allez mieux que moi !

samedi 18 janvier 2025

Pas chez moi

La dernière fois, avec la psy, est apparu que je ne me sens pas chez moi, ici dans les Ardennes (bon, ce n'est pas la nouvelle du siècle), mais surtout que la dernière fois que je me suis sentie chez moi pour de vrai c'était quand j'étais ado/jeune adulte chez mes parents, et que depuis, je ne suis chez moi nulle part. Même chez mes parents, parce que quand une bénévole de la radio me demande "vous rentrez chez vous pendant les vacances ?" ça me met en colère – parce que "chez moi" ce n'est pas chez mes parents : "chez moi", c'est nulle part. Cette nuit pendant mon trou de trois heures dans la nuit je me suis dit que c'était peut-être pour ça que je ne me sentais pas de tout plaquer, vendre tous mes meubles et partir vivre à l'étranger : je me sens déjà si peu chez moi, que si en plus je me sépare de mes meubles, il ne me restera vraiment plus rien pour avoir un semblant de sentiment d'être quelque part. Là, j'ai pas de chez moi, mais au moins j'ai mes meubles comme une petite carapace de tortue. Puis, je ne risque pas d'avoir l'occasion de trouver tout de suite un chez moi vu que, selon toutes probabilités, je n'intéresse pas la recruteuse de Brest.

J'étais censée avoir une réponse pour un entretien hier, je crois, dans les dix jours suivant la date butoir des candidatures et… rien. Pas d'appel, pas de mail, rien dans les spams… J'ai essayé d'appeler la dame de la médiathèque aujourd'hui, ai été renvoyée à l'accueil de la mairie, face à une dame qui acquiesce d'un "hmm hmm" qui signifiait visiblement "je m'en fous de ce que tu me racontes" et qui finit par me dire de rappeler lundi parce que les services sont fermés. Ben, si c'est fermé, pourquoi tu me réponds, alors ? J'ai envoyé un mail à la recruteuse, en direct, on verra bien, mais j'ai arrêté de me faire des illusions. D'ailleurs, je devrais arrêter dans le futur aussi. C'était clairement trop beau pour être vrai : un poste sympa dans un lieu sympa dans la ville parfaite. Pas pour moi. Clairement, pas pour moi. Ce qui me saoule, c'est les gens qui me disent : "ce n'est pas grave, si ce n'est pas ça ce sera autre chose". Ouais mais en fait ça fait deux ans, même plus, que je cherche, et que ce n'est jamais autre chose, donc j'en ai marre de m'entendre dire ça, vraiment ça ne m'aide pas, ça me fait juste me dire qu'au contraire, si ce n'est "pas ça" ça sera peut-être rien du tout. Probablement, même.

C'est marrant parce que, hier, à 17h30, heure de fermeture des bureaux et heure à laquelle il était donc clair que je ne recevrai ni mail ni appel ni rien du tout, décollait l'avion de ma cousine qui part vivre deux ans au Japon pour suivre son amoureux qui y a du travail. Il s'en passe, des choses, à 17h30. Y a des gens qui s'envolent vers leur nouvelle vie, avancent dans leur vie, et il y a ceux qui restent sur le bord du chemin, voilà. Alors, c'est un pur hasard, et à l'échelle du monde y a aussi plein de gens qui perdaient la vie à 17h30, des bébés qui naissaient, et tout ce qu'on peut imaginer au milieu. Mais n'empêche je le prends comme le symbole de ma vie : autour de moi, ça bouge. Un bénévole de la radio a réussi sa reconversion pro, une autre a validé sa VAE, l'ancienne Service Civique a trouvé un boulot sympa, ma copine du Canada progresse vers le déblocage de sa situation, les copines publient des romans, trouvent du boulot, arrivent à bout des travaux de leur maison : bref : ça bouge. Leur vie bouge, ça avance, elles ont leur bébé, arrivent à réaliser un ou deux projets quel qu'il soit, qu'il me parle ou non (parce que moi, franchement, les bébés…). Et pas moi. Et donc hier, à 17h30, je restais à quai quand ma cousine prenait son avion pour aller vivre à l'étranger (j'adorerais, vivre à l'étranger). Et voilà.

Et moi, je ne suis pas une guerrière dure à cuire. Je suis une pauvre chose fragile. Donc je ne suis pas là à fouiller les offres d'emplois en me disant que c'est pas grave, c'est le signe que je vais tomber sur mieux, que ça devait pas être ça et que l'Univers va m'envoyer sur un truc mieux. Non. Je me morfond dans mon coin. Avant, quand j 'étais ado, j'arrivais à me dire que c'était juste que tel truc ne se faisait pas parce que ça ne devait pas se faire et voilà. Maintenant… eh bien quand je regarde en arrière je me dis que finalement rien ne devait se faire, apparemment, et j'ai tellement été déçue que je n'arrive plus à réfléchir comme ça. C'est super de se dire qu'un truc ne se fait pas parce que ça ne devait pas se faire, ça préserve l'ego et tout, mais franchement, là je me dis juste que j'ai foiré ma candidature, ou je sais pas, je suis pas assez intéressante pour qu'on me recrute, apparemment, et je n'ai besoin qu'un me dise : "ce n'est pas grave, tu trouveras autre chose" parce que déjà de un je ne vois pas comment ça pourrait être vrai et de deux j'ai pas besoin de ce genre de phrases, j'ai besoin de réconfort, juste, une épaule pour pleurer et puis voilà, je remettrais le pied à l'étrier plus tard, pour le moment je vais continuer de pleurer un peu sur mon sort parce que je me suis tordue la cheville en tombant de cheval.

Ça fait deux semaines que j'oublie de rappeler le médecin pour avoir mes cachets du bonheur (comprendre : les anti-dépresseurs). Lundi, il va vraiment falloir que je l'appelle, que je chope un rendez-vous pour jeudi, parce que finalement je ne vais pas m'en sortir… je n'arrive même pas à me remettre au pilates. Deux fois de suite j'ai arrêté une séance en cours parce que je n'y arrivais pas et que je me sentais nulle, et maintenant j'ai tellement peur de me sentir nulle que je ne relance pas de séance, pour me préserver. Et l'aïkido… je n'y arrive pas, parce que je n'arrive pas à ressortir de chez moi pour prendre la voiture. C'est vraiment dur. Pourtant j'ai dix minutes de route à tout casser, mais j'y arrive pas, et plus je rate de séances, plus c'est dur d'y retourner.

Va falloir que j'arrête de raconter à tout le monde autour de moi quand je postule quelque part parce qu'après je dois aller tous leur dire que ah bah non finalement je n'ai pas eu le poste et je trouve ça tellement pathétique...

mardi 31 décembre 2024

Le Serpent de bois

Source – Worldspectrum

Ça fait vraiment une éternité que je n'ai pas écrit ici et, à vrai dire, parler avec vous me manque. Il faudrait que j'arrive à changer mon rapport à ce blog, à le faire muter d'un journal intime à un journal de partage. Autant dire que je n'arriverai probablement jamais à rattraper mes articles en retard sur vos blogs, mais je prendrai au moins le temps de lire les derniers !

De mon côté, rien n'a vraiment évolué ces derniers mois, à vrai dire. Toujours pas de travail qui me plaise, toujours bloquée dans les Ardennes, toujours des problèmes de matelas (puisque le futon niqué a niqué le sommier du nouveau lit le sommier du nouveau lit a évidemment niqué le nouveau matelas), et une voiture de nouveau transformée en pédiluve, toujours incapable de suivre convenablement mes cours de hiéroglyphes, aussi, et toujours obnubilée par l'écriture de mes romans (et en même temps ça me manque de parler d'autre chose avec d'autres gens). Mais tout ça pourrait changer. Vous savez pourquoi ? Parce que selon le zodiaque chinois, le 29 janvier 2025 marque le début de l'année du Serpent de bois et l'année du Serpent de bois est une année faste, professionnellement et personnellement, pour le signe du Rat, et moi, je suis Rat ! Je me lance donc dans 2025 avec bille en tête d'avoir un nouveau travail, de préférence à Brest (une médiathèque de Brest recrute, j'ai envoyé ma candidature, on verra bien !!), et de quitter enfin ces Ardennes à la con. Puisque je suis incapable d'envoyer toute seule des bonnes ondes à l'univers, je m'appuie sur le Serpent de bois. Bon, évidemment, si 2025 est un fiasco je n'aurais plus aucun espoir, mais bon, je vais faire ce que je peux !

Par la force des choses j'ai arrêté les antidépresseurs ces derniers jours parce que j'ai perdu mon ordonnance, celle que le remplaçant du collègue de mon médecin m'avait mise pour trois mois donc "à renouveler deux fois". J'étais certaine de l'avoir mise dans mon sac à main quand je suis partie à Dijon pour les funérailles de mon grand-père, mais je ne l'ai jamais retrouvée, j'ai fouillé mes pantalons, j'ai regardé sur les meubles du salon… rien à faire ! Et comme à cette période obtenir un rendez-vous doit plus ou moins relever du parcours du combattant et que de toute façon je n'ai pas envie de sortir et que je tiens comme ça, je n'ai plus de cachets. La psy a fait une tête embêtée, quand je l'ai dit. Pour le moment, ça va. Je suis chez moi pénarde, en vacances, sans véritablement source de stress, donc rien pour mettre à l'épreuve la déplorable gestion des émotions de mon cerveau. Je verrai bien à la rentrée ! Le 6 ! Rentrée que je ferai toute seule puisque mon chef sera encore en congé paternité pour dix jours. Ce n'est pas tant ça qui me fait peur que ma gestion de mon sommeil. En ce moment, j'ai toujours un coup de barre à midi trente, même quand je me lève à 11h (!) et mes siestes durent entre deux et cinq heures (!!), je mets au moins une demie heure si pas le double à me sortir du brouillard, autant dire qu'il ne me reste pas beaucoup de temps avant de devoir aller me coucher, mais évidemment comme je ne me sens pas fatiguée je ne m'endors pas avant minuit, et on recommence. Ce matin je me suis tirée du lit à huit heures, on verra ce que ça donne, mais je ne donne quand même pas cher de ma peau.

Je pensais utiliser mes vacances surtout pour lire toute la journée mais au final l'envie d'écrire m'a rattrapée et c'est plutôt comme ça que j'use mes derniers jours, même si j'ai lu une paire de bouquins.

J'ai eu une prime sur mon dernier salaire, je vais pouvoir me faire un peu plaisir (même si je vais y aller mollo parce que ça veut dire que je perds ma prime d'activité pour trois mois, et puis j'aimerais bien garder le plus d'argent possible pour le déménagement de ce printemps (oui parce que le poste à Brest serait une prise de poste en mars, et moi, je veux ce poste, la médiathèque est vraiment jolie, grande, lumineuse, elle donne super envie d'y travailler, elle me rappelle ma bibliothèque universitaire ! j'adore !)).

Ah, tiens, je viens de lire que 2025 est aussi une année d'accomplissement pour le Lion. Par-fait ! Sur les plans perso, pro, créatif, tout ça, c'est vraiment formidable. En gros, selon les étoiles, 2025 est mon année. Ben voilà, y a plus qu'à ! (Je vais quand même commencer par aller chez le garagiste pour ma révision des 50 000, mon pédiluve, mes phares, ma jante, le pare-chocs arrière à rattacher... ce serait con d'avoir un accident et de mettre un terme prématuré à mon année.)

Comment allez-vous ?

mardi 17 septembre 2024

Les changements

Source – le vy
J'aimerais bien écrire plus ici, mais je n'en ressens pas toujours le besoin, alors je vais à mon rythme. Encore un article qui va faire plaisir à Petite Ombre comme ce que j'ai à dire est assez positif (huhu :D), mais d'abord il faut que je vous raconte comment s'est passée la rencontre avec la responsable du service accueil des publics du musée que je visais. Eh bien… le poste m'intéresse toujours, je vais voir pour avoir un entretien en février-mars, mais en revanche je refuse de rentrer dans c'merdier pour le SMIC.

Déjà parce qu'à quasi trente ans j'aimerais bien avoir un salaire qui ressemble à un salaire, parce qu'ils veulent des "compétences en plus de l'accueil" et que je ne vois pas pourquoi avec des compétences en plus je serais payée au même tarif que les personnes sans compétences en plus, et enfin parce que la dame du musée a laissé entendre qu'il y a des tensions avec la mairie, qui ne veut pas investir, et que donc probablement que le salaire avec lequel tu entres là-dedans c'est le salaire que tu as toujours quinze ans plus tard. Elle m'a dit que le poste serait proposé en priorité aux personnes de la mairie mais que "de toute façon personne de la mairie ne veut travailler au musée", et "je ne sais même pas si je serai conviée aux entretiens alors que, bon, je suis quand même la responsable du service" et qu'il y a vingt ans la mairie donnait tout l'argent dont ils avaient besoin pour les restaurations, aujourd'hui les élus demandent si c'est "bien nécessaire". Booooon !... Eh bien moi je ne rentre pas là-dedans pour le SMIC. Et comme les élus ne voudront probablement pas me donner un salaire qui ressemble à un salaire, je peux faire une croix sur ce poste. Du coup, j'ai fait des candidatures spontanées qui n'ont rien donné. Je prie pour que le budget 2025 de l'Ifremer (qui a gardé mon CV) leur permettre d'embaucher quelqu'un (moi, de préférence).

À part ça, j'ai remarqué plein de changements, en moi, ces derniers temps. Il y a quelques mois j'ai remarqué que je m'étais remise à chanter, déjà (je ne m'étais pas aperçue que j'avais arrêté) ; je ne ressens plus le besoin de ramasser les trombones que je trouve dans la rue ; j'ai osé dire à une caissière qui selon moi a mal géré une dame aux caisses automatiques (alors que je l'aidais, je l'ai entendue dire à un client que "on ne va quand même pas lui montrer tous les jours" mais à moi la dame un peu perdue a dit que c'était la première fois, autrement dit ça sent l'Alzheimer) que il faudrait peut-être rediriger la dame vers les caisses classiques si elle ne veut pas l'aider, parce qu'elle a probablement une déficience ou une démence et que si c'est le cas évidemment qu'elle va oublier ce que tu lui as expliqué la veille. La caissière avait l'air mal à l'aise que j'ose la reprendre, mais moi je me suis vraiment sentie fière de moi d'avoir osé ouvrir ma grande bouche pour faire un peu de sensibilisation parce que franchement pour moi c'était évident que la dame était un peu perdue (j'ai d'abord pensé qu'elle ne savait peut-être pas lire, ou pas lire le français, en plus de son âge qui ne rend pas l'accès à la technologie très facile) et je m'en serais vraiment voulu de n'avoir rien dit alors que visiblement elle a besoin d'aide.

Je ne dors pas mieux, par contre ; enfin, j'ai dormi un peu mieux pendant les vacances, mais depuis la rentrée je me réveille de nouveau beaucoup et longtemps. Mon travail me saoule toujours, mais maintenant j'ose ouvrir un fichier de traitement de texte et écrire une histoire sur les heures où je n'ai rien à faire, ce que je n'aurais jamais fait avant parce que je me disais roooh quand même Énir t'abuses. Sauf que la semaine dernière, j'ai assumé. J'ai ouvert le fichier, j'ai dit "j'ai une heure à tuer" et voilà (bon au final j'ai été interrompue donc je n'ai pas écrit une heure mais bon…). Depuis, je le rouvre régulièrement pour avancer, et je suis même frustrée quand je dois m'arrêter (en même temps depuis hier je me dis que je tenterais bien de faire une émission littéraire). J'ai osé relancer par mail l'autrice d'Ayesha qui n'avait pas répondu à ma question sur ses formations romans, et du coup je vais en formation fin-octobre et en plus je vais pouvoir me faire dédicacer le bouquin. (D'ailleurs Petite Ombre, il avance, ce roman ?? je veux le lire, moi !!)

Je me sens globalement mieux dans mes pompes, même si je continue de me triturer la peau, de me faire saigner, etc. Je me sens aussi plus prête à prendre un poste avec quelques responsabilités. Le problème, là, c'est l'argent.

Actuellement il me reste 180 euros sur mon compte, parce que la régularisation-surprise d'EDF m'en a coûté 127. Je dois encore faire les courses, mette de l'essence, et aller chez la psy avant de recevoir mon salaire… ça va piquer. Les deux pantalons que je me suis achetés étaient peut-être en trop. En même temps, je les ai commandés le mois dernier mais n'ai payé que maintenant, autant dire que la rétractation de quatorze jours est passée et que de toute façon ce sont des pantalons sur-mesure parce que j'ai les jambes trop longues pour leur taille unique. Autant dire que j'ai repoussé le rendez-vous chez l'esthéticienne à... plus tard. Et fin-octobre je devrai encore payer la formation avec l'autrice d'Ayesha : il y en a pour 210 euros sur deux jours (en vrai ce n'est pas si cher, je trouve, et puis j'avais décidé depuis des mois que je voulais me faire un cadeau d'anniversaire) et vu que je vais aussi reprendre l'aïkido (d'ailleurs, ça m'angoisse, je n'ai pas reçu de mail pour dire si ça a repris, je n'ose pas demander, et je me dis que je suis en train de rater des cours… je vais attendre octobre, mais ça me stresse (il y a encore du progrès à faire))… Pantalon plus la réservation du train pour Paris en octobre ça nous fait du 186 euros, déjà. Plus EDF, plus la psy, plus les chaussures que j'ai commandées parce que les miennes commencent vraiment à se trouer (mais les nouvelles n'arriveront qu'en décembre, car c'est de la précommande)… Au final, je n'ai pas dépensé tant que ça par rapport à mes dépenses habituelles, mais EDF me coûte aussi plus cher par mois… En fait il faudrait que je vous refasse un article à part entière sur l'argent tant j'ai de choses à dire.

Je suis contente de me sentir mieux dans mon corps, et aussi je sens que même du côté du ménage j'arrive à faire plus de trucs, ce week-end j'ai refait la vaisselle, la semaine d'avant aussi, et j'ai fait aussi plein de lessives sur la fin des vacances ce qui fait que je suis arrivée au bout de mon linge sale ce qui n'était pas arrivé depuis au moins un an, je dirais… J'ai encore plein de trucs que je n'arrive pas à faire et la cuisine reste un champ de ruines mais je sens aussi que j'arrive mieux sur plusieurs points. J'ai l'impression de comprendre à peu près les leçons de hiéroglyphes que je relis. Les cours sont toujours entre 19h et 21h le mardi à partir d'octobre, donc ça va rester tendu pour moi, mais je sais qu'en travaillant bien je peux y arriver, en plus on va apprendre la narration et j'aimerais vraiment réussir à écrire une histoire en hiéroglyphes. Je suis presque arrivée à bout de mon année et demie de retard sur mes National Geographic, aussi. Je vais peut-être vraiment finir par régler mes problèmes. J'ai même eu une espèce de mini coup de foudre pour un gars, alors que je n'avais jamais ressenti un truc comme ça, parce que les relations aux autres c'est compliqué. Et j'écris mes romans, et ça, ça me fait vraiment plaisir, c'est vrai.

Vous, comment ça va de par chez vous ?

samedi 27 juillet 2024

Mieux dans mon corps

Source – Anna ShvetsAnna Shvets

Il y a un mois (peut-être plutôt un mois et demi) j'ai vu qu'à la MJC de ma ville il y avait du pilates pour la rentrée prochaine. Il ne restait plus que quelques places. J'avais déjà entendu parler du pilates depuis plusieurs années, mais je ne savais pas exactement ce que c'était, alors je suis allée voir sur YouTube, et j'ai bien aimé. Je ne me suis pas inscrite à la MJC parce que les cours ont lieu le jeudi soir et que je préfère garder le jeudi pour aller à ma médiation animale si j'ai besoin, mais j'ai commencé à faire du pilates tous les jours avec deux chaînes sur YouTube, Pilates avec Ashley et Joana Felizarado. J'ai commencé avec dix ou quinze ou vingt minutes le soir, et maintenant je suis plus à trente ou quarante minutes. Quand je serai en vacances, j'aimerais faire une heure (dit la fille qui n'a pas fait hier parce qu'elle était déprimée (la prime Ségur m'est passée sous le nez alors que les autres employés de l'institution l'ont eue : c'est 180€ par mois en plus ad vitam et six mois rétroactifs donc ce mois-ci j'aurais dû – pu… – avoir 1 260 euros en plus sur ma feuille de paye de ce mois-ci) et pas aujourd'hui parce que fatigue).

Cette discipline a vraiment été un coup de cœur pour moi. Ma première séance "débutant" d'une demie heure, je n'ai pas vu passer le temps et plusieurs heures après je me tenais toujours plus droite, sans effort, alors que j'ai tendance à m'avachir sur moi-même. Du coup, j'ai continué.

À part que je me tiens plus droite, je ne sens pas vraiment de différence, je ne crois pas avoir déjà perdu du poids ou quoi que ce soit du genre, et pourtant l'autre fois, quand j'ai mis la jolie culotte avec dentelle, que j'ai achetée il y a plus d'un an, parce que c'était l'une des dernière encore propre et la première sur laquelle j'ai mis la main, j'ai trouvé que ça allait. Alors que normalement je ne la mets jamais parce que quand je le fais, depuis le premier jour, j'ai l'impression d'en déborder, je me trouve grosse et ridicule. Un peu comme quand j'étais ado (et encore maintenant) et que je songeais que je ressemblerais à un clown si je me maquillais. Et dans le miroir, quand je me déshabille avant la douche ou pour dormir, je trouve que ça va. Il y a des choses que je n'aime pas, la cellulite et l'intérieur des cuisses qui fait flappy-flappy, mais je me sens quand même mieux dans mon corps. J'ai acheté un short de sport, une sorte de legging coupé, comme les cyclistes, en ayant un peu peur, quand même. Et finalement, quand je l'ai mis, j'ai trouvé que ça allait. Même si l'élastique au-dessus des genoux est un peu serré, du coup ça me fait un bourrelet de genoux. Mais je l'ai gardé quand même, alors qu'il y a quelques années c'est sûr que je l'aurais enlevé dans la seconde, les larmes aux yeux, en me sentant trop laide, trop grosse, que je l'aurais remis dans un carton et retourné à l'envoyeur. Aucun sport ne m'avait fait ça avant.

J'aime vraiment le pilates parce que c'est lent, j'aime bien devoir coordonner avec la respiration, même si c'est dur, et cette idée de maîtrise du corps. J'avais essayé de la pure renfo musculaire, mais en fait je me trouvais vraiment nulle, trop lente, un peu pathétique de ne pas réussir les exercices. Le pilates m'a mise en confiance, en fait, en plus de me faire me tenir plus droite. Donc je vais continuer ! Je suis contente de pouvoir dire que je me sens mieux dans mon corps aujourd'hui ! Ma relation avec mon corps a toujours été compliquée. Avant de commencer l'aïkido, je pouvais pas être nue hors de la salle de bain (donc je mettais mon haut de pyjama avant d'enlever ma culotte pour mettre le bas, par exemple) ; l'été, je ne voulais pas montrer mes pieds ou mes jambes ; je trouvais que les seins ressemblaient à des yeux globuleux, je n'ai jamais aimé ma vulve, on dirait un mollusque. Le corps, c'est toujours un peu compliqué, mais aujourd'hui ça va un peu mieux, et c'est assez plaisant, en fait, même si j'aimerais être plus musclée.

mercredi 10 juillet 2024

Mes 5 derniers livres lus (n°15)

Je n'ai pas été si lente à lire tous ces livres (quoique…) mais j'ai été lente à en écrire les avis, en revanche. À vrai dire, pour les trois derniers, je l'ai fait au travail pendant que j'étais en direct à la radio et que de la musique passait. Je ne pensais vraiment pas non plus que ça faisait si longtemps que je n'avais pas écrit sur ce blog ! J'espère pouvoir lire les vôtres – enfin ! – ce week-end. J'en ai vraiment envie ! C'est une respiration qui me manque, en fait.


Warbreaker
– Brandon Sanderson

Voici l'histoire de deux sœurs : Siri, une jeune fille rebelle envoyée par son père pour épouser le tyrannique Dieu-Roi, et Vivenna, qui va tenter de la sauver de son sort. C’est aussi l’histoire de Chanteflamme, un autre dieu qui n'aime pas son travail, celle de Vasher, un immortel qui essaie de réparer les erreurs qu'il a commises autrefois, et de Saignenuit, sa mystérieuse épée. Dans leur monde, celui qui meurt auréolé de gloire devient un dieu et vit dans le panthéon du royaume d'Hallandren. C’est un monde transformé par la magie biochromatique, la magie du Souffle. Un Souffle qu'on ne récupère définitivement que sur un individu à la fois… Brandon Sanderson prouve une fois encore qu’il excelle dans la création d’un imaginaire avec ses mythes et sa magie propres.

Je suis tombée dessus par hasard, mais maintenant je veux les autres romans indépendants de Sanderson ! (Je n'ai pas envie de me lancer dans une longue saga alors que je n'ai pas encore fini le Cycle des Anciens.) J'ai plongé dessus parce que j'avais un très bon souvenir de Elantris et de L'Âme de l'empereur.

Les personnages sont parfaits, je les ai ai beaucoup aimés.

J'ai beaucoup aimé aussi le pas de côté sur le motif de la jeune femme livrée comme épouse à un dragon/entité/méchant immortel. C'est traité avec de la douceur, j'ai trouvé, et ça m'a plu. Je ne sais pas pourquoi, dès le début j'ai voulu une histoire d'amour pour Siri, donc je suis contente que ce soit arrivé. C'est, encore une fois, l'histoire des prémices d'une guerre, mais traitée d'un point de vue très humain et très intime avec les protagonistes. Il y a, comme dans Elantris, un petit passage macabre.

J'étais presque arrivée au bout de ma lecture sans incohérences – ce qui relève du miracle – quand tout à coup la fille dans les visions de Chanteflamme devient blonde alors qu'il la décrit lui-même avec les cheveux "d'un brun séduisant" au début du roman. Oui, c'est une incohérence minime, mais c'est une incohérence quand même, et j'aimerais bien trouver moins de livres avec des incohérences de ce genre ou plus importantes, parce que ça m'agace prodigieusement.

J'ai aimé la fin, qui faisait pour moi moins précipitée que celle du roman précédent. Elle ne m'a pourtant pas comblée comme m'avait comblée tout le reste de la lecture, mais elle me convient. Ne serait-ce que parce que j'aime les fins qui finissent bien !


La Voix de la vengeance
– Sacha Morage

Vaelle a tout perdu.
Son frère d’abord, égorgé sous ses yeux. Son futur ensuite, puisqu’elle est désormais traquée par le puissant Bureau pour usage illégal de sa Voix.
Il ne lui reste qu’une chose : la vengeance. Elle se le promet : elle tuera Yervain, le membre du Bureau responsable du meurtre de son frère. Quel qu’en soit le prix. Peu importe les conséquences.
Son obsession pour Yervain l’entraîne de plus en plus loin, dans des sacrifices de plus en plus sanglants, et des ténèbres de plus en plus obscures. Jusqu’au point de non-retour.

L'autrice a géré la communication de telle sorte que je m'attendais à une héroïne qui fonce dans le tas, une sorte de grande méchante de série pour ado, et en fait pas du tout. Certes, elle ne regrette nullement ses actions, mais elle culpabilise, se demande plusieurs fois si elle peut reculer, etc., ce qui la rend beaucoup plus humaine et beaucoup moins sombre que ce à quoi je m'étais attendu. J'ai aimé. C'est une enfant perdue, qui m'a plusieurs fois fait l'impression d'un chihuahua aboyant sur un étalon alors qu'il ne peut pas gagner. D'autres fois, elle fait un peu mal au cœur, quand même, cette fille brisée et blessée qui se recroqueville dans la vengeance d'abord pour tenir, ne pas sombrer, je pense, puis ensuite face aux nouvelles injustices qu'elle subit. Plus, d'ailleurs, qu'une révolte contre les injustices, c'est plutôt qu'elle veut être vue, reconnue, considérée à sa juste valeur, alors que tout le monde semble la prendre de haut. Et quand, finalement, quelqu'un la voit enfin… c'est la mauvaise personne, la personne qui empire encore les choses.

La fin est parfaite. Vaelle, encore, fonce tête baissée, fonde des plans sur des informations parcellaires, et finit par se piéger elle-même. Elle est émotive, impulsive. Yervain est calme, maîtrisé. En ça ils sont complètement différents, et à la fois complètement identiques (je m'en suis rendue compte avant que 209 en fasse la remarque à Vaelle). J'ai aimé la fin, tous les reproches et les insultes dont elle noie Yervain, alors que finalement c'est peut-être plus d'elle qu'elle parle. Toute leur relation est, du coup, un immense gâchis. Yervain est adorable (mon p'tit chou <3). Letrez est très sympa aussi, dans un autre genre. Et Vaelle ne voit pas les bonnes choses qui arrivent, toute concentrée sur l'objectif qu'elle s'est auto-persuadée de devoir atteindre coûte que coûte, alors que tout n'est peut-être pas tout noir ou tout blanc dans ce monde – même si l'administration déshumanisée en prend pour son grade.

J'ai beaucoup, beaucoup aimé. Je pense que c'est un roman que même les lecteurs non-habitués à la fantasy peuvent lire. C'est un roman qui marque. J'ai apprécié ma lecture alors que je déteste habituellement la première personne. Là, c'est juste parfait.

Mes bémols portent juste sur une scène de la fin avec Ennazarelle que j'avais du mal à imaginer dans l'espace, quelques coquilles (corrigées entre le premier et le second tirage) et incohérences (dans les étages vers la fin, notamment).

À part ça, les personnages sont tous très bien menés. Vaelle s'enfonce, et s'enfonce, et se dépatouille d'un problème en s'en créant un autre, ce qui va finir par se refermer sur elle, parce qu'elle est trop impatiente, trop impulsive pour que ça marche. J'ai un peu tiqué à la toute fin, quand Vaelle admet ses véritables désirs, j'ai trouvé ça peut-être un peu brusque, mais en même temps assez logique donc ça n'a pas été un véritable problème. La plume est maîtrisée, aussi, l'univers est intéressant, lourd et capiteux.

C'est un bon roman !


Pax Elfica : le lanternier
– Pierre Grimbert

Voici sept ans, les elfes sont sortis de leurs forêts du nord pour libérer la cité humaine de Brenhaven. Ils étaient les seuls à pouvoir le faire, les seuls capables de vaincre le Nécromant et son armée de morts-vivants. Malheureusement, après leur victoire, les héros ne sont jamais partis. Ils sont devenus les nouveaux tyrans, imposant une « paix elfique » qui opprime la population sur bien des aspects. Certains citoyens résistent, dans l’ombre, en attendant un soulèvement populaire. Mais la plupart veulent seulement éviter les ennuis. C’est le cas du nain Tolan Dunkar, lanternier de profession, qui aurait préféré ne pas voir cet adolescent humain tomber à ses pieds depuis un arbre interdit…

Au début, en lisant la quatrième de couverture, j'ai eu un peu peur ; je me suis dit : "mais mince, qu'est-ce que Pierre Grimbert fout dans ce genre de roman ?!" et en fait la dernière phrase du résumé m'a rassurée, je me suis dit que ce serait quand même du Pierre Grimbert, un côté intimiste et de super personnages. Et c'est vrai, les personnages sont super, l'histoire sympa… et pourtant, je ne sais pas, je suis mitigée sur ce roman. Ce n'est pas son meilleur, peut-être parce que c'est un roman de commande ? Il manque quelque chose, une étincelle, un truc. Puis, surtout, les incohérences m'ont chaque fois sortie de ma lecture. Untel qui tombe dans l'eau et dont on ne précise jamais s'il se change ou s'il sèche à l'air libre, dont les vêtements mouillés n'ont pas l'air de le gêner ; un gardien de cimetière censé empêcher tout le monde d'entrer, mais un gamin arrive quand même à se faufiler… c'est dommage, vraiment dommage. La fin a été un peu rapide pour moi, aussi, le retournement, la solution autour du jeune héros. Finalement, ce n'est pas un roman qui va me laisser un souvenir indélébile, surtout qu'en plus des incohérences il y a des coquilles, mots pour un autre, etc. Et là c'est l'éditeur que je vise. Est-ce que ce serait possible de soigner la correction ?? C'était une lecture agréable, sympa à livre, avec comme d'habitude de très chouettes personnages pour porter ce roman, ça se lit très bien (c'est Pierre Grimbert, quand même), mais, je ne sais pas, il manque un truc.


Le Chœur des dragons
, tome 2 : Le Nom de toutes choses – Jenn Lyons

Kihrin D’Mon est recherché dans tout l’Empire.
Il croise dans sa fuite le chemin de Janel Theranon, une mystérieuse Jorate qui affirme le connaître.
S’il choisit de la suivre, il devra affronter toutes sortes de dangers : une rébellion secrète, un dragon capable de dévaster une cité en une nuit… et l’ennemi mortel de Kihrin, le magicien Relos Var. Car celui-ci possède l’un des artefacts les plus puissants du monde : la Pierre Angulaire qu’on appelle le Nom de Toutes Choses. Si Janel dit vrai, rien ni personne n’empêchera Var de mettre la main sur ce qu’il recherche.
Et ce qu’il recherche… est Kihrin D’Mon.


Seulement une paire de fautes et une seule incohérence sur 900 pages, c'est un miracle. Je suis un peu froide, mais c'est tellement fatiguant de voir ce genre de problèmes partout...

Il y a... oula, longtemps, j'avais lu le tome 1 de cette saga qui m'avait laissée plus que mitigée, et je ne pensais pas lire le tome 2 tout de suite. Effectivement, il m'a fallu du temps avant de me décider, puis sur un coup de tête je me suis dit que j'avais envie. Je me suis donc lancée. Alors autant vous dire que s'il y a des incohérences inter-tomes ce n'est pas à moi qu'il faut demander parce qu'à part les noms des personnages qui me disaient vaguement quelque chose et quelques souvenir de scènes qui m'avaient marquée, je n'avais aucun souvenir de l'histoire. Du tout. Du coup, j'ai apprécié le rappel en début de tome.

J'ai apprécié ma lecture, j'ai apprécié retrouver Kihrin, découvrir les autres personnages. J'ai eu un peu peur au début parce qu'il y a beaucoup de mentions des problématiques de genre etc. et j'ai eu peur que ça tourne en livre militant où il ne serait finalement plus question que de ça, avec de gros sabots pas fins. Les gros sabots pas fins sont là, mais j'en garde un souvenir moins lourdingue que dans le premier tome. Finalement, l'histoire prend le pas et je garde un meilleur souvenir de ce tome que du précédent. J'ai apprécié les personnages et découvrir le déroulement des événements. Les notes de bas de pages écrites par Senera (en fait, nous lisons le rapport qu'elle écrit à Relos Var, et elle met donc des notes de bas de pages – j'ai aimé cette manière de raconter, avec un mélange de présent et de passé) ne sont pas envahissantes, donc c'est parfait. Elles sont parfois drôles, et apportent souvent du relief. Par contre, c'est dedans que j'ai trouvée l'incohérence. Elle dit avoir demandé une info à la pierre magique et avoir donc la réponse, et un peu plus tard, sur le même sujet, elle dit que la théorie des personnages est intéressante à creuser… alors qu'elle est censée savoir qu'elle est fausse.

J'ai peur par contre de la suite du triangle amoureux qui semble se dessiner entre Kihrin, Janel et Teraeth. Si l'autrice pouvait éviter de nous tourner ça avec de grosses ficelles comme dans une série pour ados ce serait vraiment parfait, car si je n'aime pas la manière dont elle tourne ça, il y a des chances que je n'aille pas au bout de la série, bien que tous les enjeux autour de la lutte entre ceux qui veulent réaliser les prophéties et ceux qui ne le veulent pas, les complots et les manipulations sont intéressants. En tout cas pour l'heure j'ai acheté le tome 3, mais je ne me suis pas aventurée à acquérir déjà les 4 et 5.


Je brûlerai ton armure
– Lotte Sardane

République galactique de l’Holos, 12° millénaire.
Que faire quand on se retrouve accusée de meurtre, coincée sur un vaisseau alien avec une créature très dangereuse, qui a toutes les armées de la galaxie à ses trousses ?
Moi, Rika Srsen, apprentie mécano sur un navire de commerce, je n’aurais jamais imaginé vivre une telle épreuve. Ni que l'ennemi n°1 de l’humanité soit aussi séduisant sous son armure de guerrier...
Mais quel genre de relation est possible entre un être de légende, muni de griffes et de crocs, et une faible humaine ?
Pas sûr que je vive assez longtemps pour le découvrir.

J'ai adoré ! Pourtant, l'autrice partait de loin, parce que je ne lis pas de SF, pas de romance, et très peu de première personne vu que je déteste la narration à la première personne. Et pourtant, j'ai adoré. Un moment, même les coquilles, le mauvais choix de mots, les micro-incohérences, me sortaient à peine de ma lecture : je notais mais je ne passais pas mon temps à râler toute seule dans mon coin. Ce qui est quand même un exploit (même si, franchement, si Rival pouvait faire un effort de ce côté-là, ce ne serait pas du luxe, ainsi que pour l'impression, car la couverture est très jolie, mais la qualité d'impression n'est vraiment pas ouf).

Les personnages sont vraiment sympa, l'obstacle représenté par Mana semble être évacué assez vite et en même temps laisse sa trace durablement sur Rika. C'est bien écrit. Aucune familiarité dans les quelques scènes sexuelles (nan parce que moi les "chattes", "grotte" et "bite" toutes les trois lignes, ce n'est pas possible), et la romance prend doucement sa place, la place qu'il faut, le temps qu'il faut, dans un univers dans lequel j'ai parfois eu du mal à m'imaginer les lieux, surtout les villes, ce qui était un peu perturbant pour moi qui aime les détails. En revanche, l'univers est vraiment fouillé, il y a vraiment une histoire dans ce roman, tout ce qu'il y a autour de la romance n'a rien d'un simple prétexte, et je trouve que cette balance est absolument parfaite ! Ce n'est pas un décor en carton-pâte : c'est un vrai univers !

Vu les descriptions qui en sont faites, je me demande bien comment le panache de Ren ne peut mesurer qu'un mètre dix (c'est la mesure faite par les scientifiques qui l'ont eu inconscient à un moment, donc ils ont eu le temps de mesurer). Parlons-en, de Ren, tiens : il est super ! Je l'ai beaucoup aimé ! J'ai aussi beaucoup aimé Rika ! Ils apprennent tous les deux à réviser leur jugement sur l'autre, et à se comprendre, aussi : pas facile quand à la base on ne parle pas la même langue et qu'on vient de cultures si différentes ! (Et qu'on a du mal à exprimer clairement ses émotions – n'est-ce pas, Ren ?).

Il n'y a aucun temps mort dans ce roman : il se passe toujours quelque chose, l'arc narratif d'après, les péripéties d'après, et en même temps ça coule tout seul, je n'ai jamais eu l'impression que l'autrice me matraquait d'informations ou d'actions un peu creuses pour masquer quelque chose.

Il y a une suite, et j'espère que l'autrice pourra la faire publier !

vendredi 10 mai 2024

Rater sa vie professionnelle

Source – Yannick B
Ça a commencé en Master, quand j'ai raté un stage dans le Parc naturel régional des boucles de la Seine parce que je n'avais pas le permis, et que je n'ai pas pu candidater à une alternance pour la même raison. Non, en fait, ça a peut-être même commencé quand j'ai essayé après le lycée d'entrée en Licence option journalisme, à Lille, et que j'ai échoué deux années de suite. Ensuite, j'ai échoué à trouver du travail, j'ai tenté d'intégrer le centre de formation de l'ESJ Montpellier, et je n'ai pas eu d'alternance alors que j'étais le coup de cœur de la recruteuse, parce qu'elle a eu peur que je me laisse marcher sur les pieds par le journaliste. Ensuite, j'ai trouvé le travail où je suis actuellement, en sachant que ça allait être compliqué, que je ne voulais pas y rester trop longtemps, et ça s'est révélé plus dur à vivre que ce que je pensais. C'est pas un mauvais travail, pourtant, il y a des avantages, comme le nombre de semaines de vacances, mais je n'aime quand même pas. Pour moi, les inconvénients dépassent les avantages. Alors, j'ai essayé de trouver un autre boulot, l'été dernier, et je ne suis parvenue à rien. Cette année, j'ai pu être acceptée dans une formation, j'ai cherché une alternance, et entre les musées auxquels j'ai candidaté trop tard, ceux qui n'ont jamais répondu, et les recruteurs à côté de la plaque, le rendez-vous annulé une semaine avant faute de budget, je pense que j'ai été servie. Et maintenant voilà, j'en suis là. Une année de plus à la radio, et surtout sans assurance de trouver autre chose. Après tout, si je n'ai pas trouvé l'année dernière, si je n'ai pas trouvé cet hiver pour la rentrée 2024, pourquoi je trouverai l'année prochaine pour la rentrée 2025 ?

J'avais parlé à la dame du Port-musée de Douarnenez qui m'avait dit de revenir vers elle. Je l'ai fait. Pas de réponse. Je vais attendre que passe la nuit des musées pour relancer, je pense.

En parallèle j'ai aidé une copine de fac à refaire sa lettre de motivation, et clairement ça fait carrément mieux ressortir ses compétences comme ça, et soudain je me suis sentie toute petite et toute médiocre et toute nulle et j'ai compris pourquoi moi je ne trouvais pas, même avec une bonne lettre, alors qu'elle sans doute va trouver sans trop de mal, maintenant. Puis, ma mère m'a appelée, aujourd'hui. Donc j'ai appris que ma sœur, non contente de gagner 1 800 euros net par mois, se fait aussi des primes à 1 500. Ma mère a dû sentir que ça me saoulait un peu, vu que moi je suis au SMIC et que quand j'ai le malheur d'avoir une prime moitié moins importante je perds en même temps la moitié de ma prime d'activité sur trois mois ce qui fait que je suis perdante au final, car elle m'a dit : "rien ne t'empêche de faire un BTS Opticien…". Euh, si, ça s'appelle les maths. Ensuite elle m'a dit de me mettre à mon compte. Ah oui ? Et pour proposer quels services ? Je ne suis spécialiste en rien, puis la concurrence est rude, et s'il tu n'as pas le petit truc mieux que les autres pour te démarquer c'est mort d'office, sans compter que l'administratif et moi… "Tu peux embaucher quelqu'un, pour ça". Oui, pour embaucher quelqu'un il faut de l'argent, donc il faut que mon activité tourne, en fait. Puis, elle m'a dit : "tu peux publier un livre". Mais oui bien sûr, comme si c'était si facile. J'ai donc dû lui expliquer les pourcentages de droits d'auteur et tout le reste. Et enfin, le coup de grâce : "il faudrait que tu refasses une formation". Ah bah tiens, c'est pas comme si ça faisait six mois que j'essayais d'en intégrer une ! Mais je la paye comment, ma formation, si je n'ai pas d'alternance ? Alors je sais bien qu'elle essayait de m'aider et pas de m'enfoncer, mais vraiment ce n'était pas le moment de me sortir des idées au hasard, vu que tout tombe en même temps (les feux de la voiture à changer, l'invasion de fourmis dans la salle de bain, la Fnac qui ne me livre pas deux livres que j'attends depuis le 23 mars).

Avant-hier j'ai envoyé le mail à la fac pour dire que j'abandonnais, que je laissais ma place aux personnes de la file d'attente. Je n'aurais pas de réponse avant lundi mais ce n'est pas grave. J'avais jusqu'au 15 mai pour remettre ma lettre de démission. Enfin, je me suis donné jusqu'au 15 mai, pour ne pas mettre mon chef dans la panade. La psy va me dire : "c'est vous qui êtes dans la panade, maintenant". Certes, mais je ne me serais pas sentie bien de partir au dernier moment sans qu'il ait le temps pour le recrutement de la personne suivante. J'en veux un peu au prof, même s'il est très gentil, parce que la première fois que j'ai évoqué ce délais il m'avait dit : "ne vous en faites pas, ensemble on va trouver", mais je n'ai pas eu l'impression qu'il m'aidait plus à chercher que les autres étudiants. Et derrière, ma mère me dit que je dois faire une nouvelle formation. Bah oui mais je fais comment, hein, si personne n'a de fric dans son putain de service culturel pour ouvrir un poste en alternance ?

En plus, j'ai raté un cours de hiéroglyphes, et maintenant je suis vraiment paumée. Et comme c'est tard, je ne comprends rien parce que je suis fatiguée.

En vrai, même si le SMIC c'est vraiment pas beaucoup, et que je suis vraiment dégoûtée quand je pense que je vais gagner ça à peu près toute ma vie, parce que le poste à Douarnenez c'est juste agent d'accueil, c'est pas avec ça que je vais me faire un salaire digne de ce nom, j'aimerais au moins avoir un travail qui me plaît, dans un endroit qui me plaît, pouvoir avoir un appart' sans (trop) de problèmes, et au moins un cadre qui me convient, et tant pis pour le salaire, on peut toujours trouver des solutions, pour ça, du côté des associations, ou je ne sais pas. J'aimerais au moins m'en aller de là. J'aimerais, juste une fois, atterrir dans un appart' correct (un jour je vous raconterais peut-être la longue liste de mes péripéties en ce qui concerne le logement : c'est comme tout le reste, je n'ai jamais eu de chance, j'ai toujours mal choisi).

Et autour de moi, je vois plein de gens, comme ma sœur ou d'autres, qui se reconvertissent, ça se passe bien, et derrière ils trouvent un boulot, et ça se passe bien, et oui c'était dur de se lancer dans la reconversion, de sauter le pas, mais une fois qu'ils y ont été ça a roulé presque tout seul. Moi… "tu ne peux pas faire les choses simplement ?" m'a fait une copine hier pour rire et c'est marrant parce que c'est ce que je me dis tous les jours. Rien n'est simple. Même commander un livre sur internet et le recevoir en boîte aux lettres donne lieu à des rebondissements à n'en plus finir. J'aimerais juste trouver un travail qui me convienne dans un endroit qui me convienne, avec du temps pour écrire. Tant pis pour le salaire, je m'en fous, enfin je crois. Enfin, non, mais je suis prête à faire le sacrifice pour un poste qui me plaît.